Quand on se dit que Matrix est un film largement surestimé, quand on n'a pas réussi a terminer Speed Racer tant ce film pique les yeux, il faut une certaine dose de détermination pour commencer Cloud Atlas, convaincu qu'on est que les réalisateurs, même à trois, n'ont pu que faire un prétentieux mauvais film de plus. Les problèmes de financement qu'ils semblent avoir rencontré ont d'ailleurs tendance à confirmer ces craintes, les majors n'ayant pas dû vouloir leur confier de si grosses sommes (102 millions tout de même) pour un film si éloigné de leur registre habituel.

Ces craintes s'avèrent rapidement infondées car malgré le manque de recul, Cloud Atlas restera comme un film important, probablement essentiel, une œuvre ambitieuse, d'une ampleur étonnante et fondatrice, qui va bien au-delà d'un simple divertissement tant les nombreuses questions qu'il pose et le peu de réponses qu'il apporte sont d'une richesse intellectuelle foisonnante. C'est d'ailleurs un des mérites de ce long-métrage, il nous place dans une position d'enquêteur, de spectateur attentif aux détails, aux personnages et aux dialogues. On assemble peu à peu les événements, on capture quelques détails pour commencer à comprendre, à assembler le puzzle. Chacun ira de son interprétation, forcément différente tant les niveaux de lectures sont nombreux et captivants. On nous laisse libre de comprendre, on nous suggère beaucoup de choses, il nous appartient de construire notre vérité. Parle-t-on de réincarnation ? De répétition à l'infini de l'histoire de l'humanité ? D'êtres supérieurs venus d'un autre univers ? Chacun, avec sa culture, sa sensibilité créera ses propres réponses, tour à tour rassurantes et inquiétantes.

On se promène au long de plusieurs siècles, de personnages en personnages, enchainant les aller-retours. On accompagne des acteurs récurrents, interprétant à chaque époque des personnages liés entre eux par des événements, des impressions de déjà-vu et ce fameux sextet Cloud Atlas, mélodie mystérieuse que l'on peut connaître sans jamais l'avoir entendue. La narration, sautant d'une époque à l'autre avec des transitions parfois très habiles, nécessite une certaine concentration et une certaine gymnastique à laquelle on fini par pendre goût tant elle est stimulante pour les neurônes. Si certains sont aisément reconnaissables sous leur magnifique maquillage, le générique de fin réserve tout de même de belles surprises. On est ravi de voir un Tom Hanks enfin dans une forme qu'il n'avait pas connue depuis bien longtemps, il nous rappelle aux louanges bien méritées dont on le couvrait il y a de cela quelques années.

Cloud Atlas est d'une fascinante profondeur, d'une complexité enivrante, alliant une vraie beauté plastique à de belles et passionnantes envolées philosophiques. La musique, tout à fait magnifique lorsqu'il s'agit d'appuyer une scène, ne pourra malheureusement pas être écoutée pour elle-même, elle ne comporte pas de réel thème mais sait créer de superbes ambiances. Lorsque le générique de fin débute, on prend conscience que ce film se doit d' être vu deux fois au moins, certaines clés de compréhension se situant bien après la scène à laquelle elles se rapportent. Rien que cela lui donne un intérêt supplémentaire, celui qu'ont ces films semés d'indices que l'on découvrira peu à peu à force de les revoir. On se réjouit à cette idée, à toutes ces fulgurances que l'on va encore découvrir.
Jambalaya
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le 24 mars 2013

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Jambalaya

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