Il est sans doute réducteur de faire référence à Jim Mickle par ses influences plutôt que par le travail qu'il accomplit mais lorsque l'on voit ses films, celles-ci nous sautent aux yeux. Etant un très grand fan de Carpenter et ça se voit on se dit évidemment que ça doit être un brave type dans la vie mais que malgré ses meilleurs intentions, après tout parait que l'enfer en est pavé, de rendre un hommage aux films des années 80, il se laisse bouffer par ses illustres prédécesseurs. Car à trop vouloir les cités, Mickle oublie d'apporter sa patte à ses films, ce qui fait que l'on pense à ses références mais peu à lui et c'est dommage car du talent il en a à revendre. Mais ses films sont trop changeant malgré ses intentions d'auteurs, on passe d'un film à la Romero sympathique mais au cruel manque de moyen avec Mulberry Street pour ensuite s'attaquer à un bon film d'anticipation typé Grindhouse ou les influences de Tarantino et Carpenter sont très marqué avec Stake Land pour ensuite avoir un thriller plutôt efficace qui nous renvoie au cinéma clinique de Cronenberg avec We Are What We Are.
Ici il s'attaque donc au cinéma redneck des années 80, on pense à Cape Fear de Scorsese, à Tarantino, à Carpenter, Walter Hill, etc. Il rend un vibrant hommage à ce cinéma qui le fascine et arrive à retrouver la qualité de ce genre de production qui c'était perdu avec le temps, ce qui est déjà un exploit en soi mais malgré tout le film manque cruellement d'identité et souffre de la comparaison avec ses prédécesseurs. Ecrit par Mickle et Nick Damici qui ont déjà écrit ensemble les quatre films de Mickle et qui me rappelle quelque peu le duo formé par Carpenter et Debra Hill dans les années 70. Et malgré le faite qu'ils écrivent toujours ensemble et qu'ils ont des intentions d'auteurs, on a du mal à voir des connecteurs dans leurs films, ou du moins des thèmes prépondérants, même si évidemment certaines choses reviennent et sont identifiables mais à force de vouloir trop être hétérogène ils manquent d'identités et font des auteurs maladroits et assez inégal. C'est quelque chose qu'on retrouve souvent dans leur écritures, cette aspect inégal et maladroit , ou les bonnes idées côtoie le convenu et ou la complexité se mêle à trop de facilité. Ici on ne déroge pas à la règle, le film étant adapté d'une nouvelle de Joe R. Lansdale mais en oublie son aspect dramatique, on sera vraiment surpris de voir ou le film nous emmène multipliant des retournements de situations malin et bien mis en oeuvre mais malheureusement cela s'accompagne par des facilités scénaristiques assez agaçante comme certaines situations qui sont trop téléphonées, des aspects de l'intrigues totalement passé sous silence ou certains événements qui sont trop mécaniques ( comme le faite que le héros part de chez lui pendant que sa famille dors et qui revient à chaque fois avant leur réveil ). Cela fait que l'on aura tendance à oublier l'aspect psychologique des personnages et c'est assez dommage pour un film qui essaye de poser des questions de moralités et s'interroge sur la nature et la noirceur humaine, ce qui fait qu'il rate un peu le coche et que l'on restera assez froid devant le film. Pourtant le film à vraiment une bonne histoire, les répliques sont excellentes et souvent très drôle de part leur humour noir et le trio est vraiment attachant et intéressant dans sa dynamique même si on évite pas quelques clichés. Le héros se révèle quant à lui assez intéressant malgré son apparente fadeur et son évolution même si assez discrète se révèle pertinente et bien amené posant des questions bien senti sur l'appelle de la violence et de l'émancipation. C'est un homme qui avait aucune autorité, sa femme prenant les décisions pour deux et dans cette spirale de la violence il trouve le moyen de s'affirmer et c'est assez fascinant de voir comme la violence appelle la violence. D'ailleurs c'est un héros très proche de ceux de Carpenter surtout celui de They Live, ou il partage des points communs non négligeable avec la même thématique du soulèvement et l'affirmation de soi.
Pour ce qui est du casting ils sont tous très bon, Don Johnson est charismatique et drôle, Sam Shepard égal à lui-même , c'est à dire impérial dans son rôle de taiseux qui connait d'ailleurs quelques modifications dans son jeu avec un personnage plus nuancé aux développements psychologiques fort. Tandis que Michael C. Hall est excellent comme à son habitude arrivant à jouer dans plusieurs registres.
Sinon la réalisation est parfaite avec un jeu de couleur très intéressant par ses variations notamment dans le final très stylisé, la BO est excellente à base de synthétiseur très années 80 et le montage se révèle classique mais habile. La mise en scène de Mickle est elle aussi vraiment stylisée avec des cadrages magnifiques contribuant à des plans de caméra ambitieux et bien pensé comme la scène du train qui se révèle habile. L'ensemble se montre assez classique mais c'est ici clairement un plus, c'est efficace et vraiment bien filmé ce qui montre tout le talent visuel que peu faire preuve Mickle.
En conclusion Cold in July est un bon film, même si il est écrasé par ses influences et qu'il manque d'identité, il reste une série B efficace et bien mené qui arrive à s'élever par rapport au tout venant. Il retrouve cette efficacité old school qui aime à nous rappeller qu'il n'y a rien de tel que le bon vieux temps. En tout cas Mickle n'est clairement pas dénué de talent et signe probablement son meilleur film, il est peu être un auteur maladroit mais il reste indéniablement un cinéaste à suivre.

Créée

le 31 déc. 2014

Critique lue 613 fois

5 j'aime

Flaw 70

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