Compliance est ainsi un film inconfortable, de ceux qui vous font gigoter sur votre siège, provoquent des hérissements de poils et vous donnent envie de vous lever pour entrer dans l’écran et secouer ces idiots personnages. Le film ne perd pas de temps et on entre très vite dans le vif du sujet : Becky est déshabillée et fouillée, humiliée, et on a déjà envie d'hurler au scandale. La mise en scène assez précise donne alors l’impression d’observer une expérience scientifique, en jouant beaucoup sur les dialogues et les contre champs. On a toujours une longueur d’avance sur les personnages, ou du moins sur les victimes, que ce soit sur Becky, Sandra, son fiancé ou bien encore les autres. Ce regard presque omniscient, auquel s’ajoute une tendance au filmage façon caméra de surveillance (qui se justifiera plus tard) permet de mieux tisser encore le rapport entre ce film et des expériences connues, telle celles de Millgram ou celle de Stanford.
Si on se demande au bout d’une demi-heure comment le film va pouvoir aller plus loin encore, c’est bien car on n’est pas au bout de nos peines. « Mais comment est-ce possible ? » ne cesse-t-on de se demander, tandis que l’horreur envahi de plus en plus l’écran, à mesure que les clients, parallèlement, affluent et que les frites s’entassent. Le film ne cherche pas tant à répondre qu’à nous montrer simplement que c’est comme ça, qu’on le veuille ou non, que oui, l’homme est encore capable de se soumettre aveuglement, malgré toutes les leçons de l’histoire, à une autorité, et cela sans prendre la peine de réfléchir. Et ce sont alors la réelle intelligence de l’homme au bout du fil qui se fait appeler « Sir » ou « Officer », son sens de flatterie, ses techniques pour se faire respecter, et toutes ces petites choses qui le rendent supérieur à ses victimes aveugles et sourdes qu’on nous donne à voir froidement, nous laissant impuissants et effrayés. (...)
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