C'est l'histoire d'un mec qui parlait aux champignons avec une asymétrie à la prostate...

Je me souviens, après mon dernier Cronenberg (à savoir "A dangerous method"), j'avais écrit : "Aller à la prochaine Cronenberg quand tu me proposera un vrai grand film qui marque l'esprit comme tu savais si bien les faire et non pas un film sur l'esprit qui finalement ne laisse pas vraiment de trace sur le mien ...", alors, vous pensez bien, quand j'ai vu que quelques mois plus tard seulement il y avait un nouveau Cronenberg, en plus sélectionné à Cannes, je me suis dit que c'était la bonne occasion. Et merde, c'est raté.

Je me suis ennuyée comme on peut le faire quand on est en dehors de quelque chose, que les images défilent, que les gens vous parlent de la dernière truite qu'ils ont pêchée et que vous faite semblant d'écouter pour paraître polie. D'un coup, ils racontent une blague plutôt drôle alors vous vous réveillez un peu, "ah ouais, il lui balance une tarte à la crème dans la gueule, comme ça, d'un coup ? Mais ce type est génial !!" .

Le film part d'une bonne intention, montrer l'échec, la mort, la déchéance, l'inanité du capitalisme. Celui où Eric Parker ne veut qu'une chose : une coupe de cheveux alors que c'est impossible de circuler. Il est la déliquescence du Yuhan, il se décompose en même temps que lui, sous la pression des "rats" (quelle modernité cette image là ><) qui détruisent sa grande (et inutilement fastueuse) limousine blanche qui devient le repère de graffitis, symboles de la chute de l'argent. Le problème ? Ce n'est pas la limousine elle-même mais ce qui s'y passe: un genre d'enchaînements de scènes insipides (le summum étant Juliette Binoche, au sommet du ridicule) dans un brouhaha incessant de l'étourdissement d'un dialogue d'une heure quarante où Robert Pattinson, ni bon, ni mauvais, juste fade, sans intérêt, écoute des gens parler en faisant de la philosophie de début de terminale, mettant bout à bout des grandes phrases sur la vie et l'argent qu'on finit par ne plus écouter. Ce serait un peu comme un cours fort passionnant, nécessaire et cruciale (comme devrait l'être le sujet de ce film) mais où le prof parlerait à une vitesse insoutenable, en enchaînement des mots et des phrases toutes faîtes sur un ton monocorde.

Du coup, ce qu'il me reste du film c'est un genre de "bobibd)ezopi" pour ce qui est du message, des images pas franchement folichonnes de l'intérieur d'une limousine qui se voudrait huis clos. Le souvenir d'un moment intéressant, mais lent, lent, sur l'ascenseur qui diffuse du Sati (ça c'est beau à écouter en vrai). Le pire moment étant les 22 minutes (j'ai regardé ma montre sans arrêt) du dialogue de fin avec le pseudo meurtrier (où Pattinson fait une moue ridicule après s'être tiré dans la main, parce que quand même faut montrer que c'est le bordel dans sa tête). J'ai pas compris ce que le type voulait, juste qu'il aimait pas les riches et qu'il parlait aux champignons. Ah si, à la fin, il fait le coup du monstre qui reproche à son créateur de l'avoir créé (« tu aurais pu me sauver »). En fait, tous les mots disaient une chose : le capitalisme à engendré le mal et une seule solution, le mal, il faut le tuer.

Après le bavardage insipide de cette sélection cannoise douteuse, je regrettais presque le mutisme de "The Artist" il y a tout juste un an. Ah, qu'il est bon de ce souvenir que le cinéma c'est aussi (et avant tout) des images...
eloch

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8

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