Comment mesurer la profondeur du vide ?

Je ne prendrai pas quatre heures pour répondre à cette question digne d'un manuel de philo pour les nuls. Mais je le ferai sous deux angles différents :

- En termes de système métrique, je dirai que cette profondeur est égale à la longueur de la limo de Robert Pattinson, c'est à dire presque infinie.

- Ou alors, en termes de temps, je répondrai qu'une plongée d'1H50 suffit, durée du film de David Cronenberg.

Je m'étais pourtant juré, à l'issue d'une projection de la Tour Montparnasse Infernale de triste mémoire, de ne plus jamais m'infliger de telles abominations. Et ce coup-ci, pourtant, je n'accompagnais personne. Le pire dans l'affaire, c'est que j'y suis allé de mon plein gré, parce que Cronenberg était aux commandes d'abord, puis parce que je me suis laissé abuser par la bande annonce, qui vantait un tout autre ouvrage que ce que l'on m'a mis sous les yeux.

Ca commençait déjà très mal, avec la tête de Pattinson en mode mono-expression : celle du mérou désabusé, dans une limousine qui circule à la vitesse d'une tortue dépressive sous Valium, à travers une manif' Front de Gauche contre le capitalisme sauvage. Puis j'entends sa voix en off, monocorde et abreuvant son auditoire soit de poncifs, soit de banalités sur sa réussite. On assoit bien le type puant de condescendance, tandis qu'un grand vent traverse et agite le vide de sa personnalité.

Robert a décrété qu'il avait besoin d'une coupe de cheveux... Sur son chemin, il transforme sa limo en auberge espagnole, en y accueillant beaucoup de personnes qu'il méprise ou qu'il baise, au choix. Il se ménage aussi au mépris des menaces ambiantes quelques arrêts, qui prendront, pour le spectateur, des allures de stations du Christ durant sa Passion. Il y croise sa femme, pauvre Sarah Gadon, ou un entarteur, pauvre Mathieu Amalric. Dommage que Cronenberg n'ait pas engagé le seul et l'unique Noël Godin. Cela aurait été rigolo d'entendre ses "gloup gloup" en VO. Et la fin...

Je n'ai jamais autant regardé ma montre de ma vie dans une salle de cinéma. A mon grand désarroi. Et pourtant, je suis bon public. J'ai eu envie de partir plusieurs fois, mais je me disais qu'à un moment ou à un autre, Cronenberg allait redresser la barre et se réveiller de derrière son combo. Mais non. A la place, j'ai eu droit, en mode catatonie, à une critique simpliste du méchant capitalisme tout pas bien , digne des éructations stériles de notre bon facteur Besancenot ou d'une chanson d'Henris Dès.

Mais je dois avoir mauvais goût sans doute. Ou j'ai dû attraper un torticolis pour essayer de frôler les hautes cimes de la pensée radicale et supérieure des grands esprits de ce monde. Oui, ça doit être cela... Pardon.
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le 16 nov. 2014

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