Dans la maison par JimmyJoubin

Comment retrouver goût à l'enseignement de la littérature ? Après des années moroses, le professeur Germain retrouve enfin la passion de la littérature grâce à un jeune élève de seconde, très talentueux. Mais ce qui s’annonçait comme un simple échange littéraire va se transformer en véritable cauchemar dont personne ne sortira indemne.

Il faut dire tout de suite, je ne suis pas un grand fan de Fabrice Luchini, ni des films français de ce type. Mais en mettant mes préjugés de côté, je me suis mis à l'épreuve. Et à ma grande surprise, c'est un film fantastique auquel j'ai assisté. Dans cette histoire, on suit un professeur de Littérature qui a perdu toute envie d'enseigner face à des élèves désintéressés. Mais lorsqu'il rencontre Claude, un brillant élève, son amour de la lecture va rejaillir. Le problème c'est le contenu de ces écrits. Le jeune homme y raconte détail par détail ce qui se passe dans la maison de son ami Rapha. La famille Rapha ou la famille qui se retrouve épiée sans le savoir par le jeune élève. A la fois discret et malin, Claude s'introduit dans l'intimité de la famille, il gagne leur confiance et tombe sous le charme de la maîtresse de maison, Esther, la mère de son ami.

C'est dans cette optique que le spectateur est entraîné dans une histoire de voyeurisme sans gène. Car tout en lisant ses copies, Germain et sa femme assistent eux aussi aux événements et à la vie quotidienne de cette famille. Plus le film se déroule, plus on se sent coupable d'assister à ces scènes perverses et intimes. Alors que Germain croit à une simple fiction, sa femme à des doutes et se retrouve gênée de lire les copies de l'élève. Scrutés dans tous les sens, Claude n'y va pas par quatre chemins pour parvenir à ses fins. De fil en aiguille, la fascination de Claude pour Esther va le pousser dans l’extrême.

Tout le film se construit du côté de Fabrice Luchini et sa femme qui lisent les travaux de Claude. Tout ça va mal finir et on le sait d'avance, mais là où c'est intéressant, c'est de voir la descente aux enfer de ce professeur qui lui est fasciné non pas par Esther, mais par Claude, ce fils qu'il n'a jamais pu avoir et qui a ce talent qu'il n'a jamais eu. Une performance d'acteur fantastique aux côtés de Kristin Scott Thomas plus charismatique que jamais. Quand à la famille Rapha elle n'a pas de grand rôle à jouer dans ce film mis à part qu'elle est ordinaire et singulière. La mère, Esther, est une femme invisible, que son mari ne chéri plus comme autrefois, elle est perdu, et Emmanuelle Seigner porte cette femme perdue à la perfection.

Le voyeurisme, c'est la pratique que tout le monde pratique de nos jours. Tout le monde aimerait savoir ce qui se passe dans les maisons voisines, dans la vie de nos amis, de nos collègues. Dans la Maison nous montre avec brio comment cette pratique peut mené au fond du gouffre. Francois Ozon réussit à nous mettre mal à l'aise et coupable d'assister à toutes ces scènes intimes.