Dans la maison par Missbale974
Il faudrait que je commence comme d’habitude par le début mais j’ai dans la tête une phrase du film:« elle avait l’odeur de la femme de la classe moyenne ».J’adore cette phrase sans trop savoir pourquoi quoique je n’avais jamais pensé que la classe moyenne pouvait avoir une odeur.Même si je trouve cette phrase péjorative et contestable,la phrase me plait beaucoup ou plutôt j’aime la façon que c’est dit.
Tout lecteur confirmera mes dires,toute bonne histoire doit avoir un début qui accroche qui suscite l’envie.Un questionnement,un truc qui interpelle.Pour moi,ce fut cette odeur de la classe moyenne.Le jeune lycéen Claude avait mis le doigt sur quelle chose de crucial qui allait sceller tout l’enjeu,toute l’intrigue de l’histoire.Les différents personnages sont présentés,on les met dans un contexte qu’on stabilise d’abord puis qu’on met en danger à travers différentes péripéties.Le lecteur est alors pris au jeu,il veut toujours en savoir plus.Et si le film Dans la maison livrait la recette magique de toute bonne histoire?Peut-être mais il met surtout en valeur cette relation fabuleuse entre un auteur et son lecteur,cette magie qui les unit tous deux dans l’aventure des mots.Mais,le réalisateur ne se contente pas que de çà,il complique la donne grâce à une mise en abyme périlleuse mais pour le moins audacieuse.Périlleuse dans le sens où le spectateur ne souhaiterait voir que la maison mais audacieuse aussi car en dehors de l’histoire racontée par Claude,une autre nous ait raconté celle du personnage de Fabrice Luchini.D’ailleurs,on s’en mêle parfois les pinceaux presque comme si la fiction rejoignait la réalité ou l’inverse peut-être bien.Qu’est ce qui est vrai?Où commence la vraie vie et où s’arrête l’usurpation?
Dans la maison regorge de « petites » pépites comme les personnages qui sont véritablement pensés et aboutis.Je le dis souvent je n’aime pas tellement le jeu d’acteur de Fabrice Luchini mais ici il est excellent.A travers son personnage,c’est toute une réflexion qui est portée sur la société notamment l’école.Le débat actuel sur la refondation de l’école trouve parfaitement sa place ici puisqu’à chaque nouvelle rentrée scolaire,le ministre de l’Éducation Nationale prône de nouvelles mesures pour améliorer le bien être des élèves(pas celui des professeurs).Dans le film,nous en avons un exemple frappant avec le fait d’utiliser ou non un stylo rouge pour la correction.En effet,pour certains la couleur rouge stigmatiserait l’élève et il faudrait donc la remplacer par une autre couleur beaucoup moins agressive.Le personnage de Fabrice Luchini se retrouve au milieu de cette démagogie,tentant de faire son métier de plus en plus difficile face à des élèves dont le niveau ne cesse de baisser(à lui de se mettre au niveau de l’apprenant et non l’invers).Cet état d’esprit ne se limite pas à l’éducation on le voit notamment à travers le personnage de Kristin Scott Thomas(magnifique) et sa galerie d’art.FL en homme de lettres ne comprend d’ailleurs pas l’engouement des gens pour des poupées gonflables à l’effigie de dictateurs ou quelques traits dessinés sur un tableau(moi non plus).Personnellement,çà me fait penser à une émission que je regardais récemment où un chroniqueur avait osé dire « la France va mal » car il venait d’apprendre que Matt Pokora était le chanteur qui vendait le plus de CD en France actuellement.Parenthèse à part,le personnage de FL semble piégé dans ce monde qui ne correspond pas ou plus à son système de valeurs.Aussi,cette aventure livresque avec Claude le fait rêver voyager et surtout espérer.Quant à Claude,il profite de la faiblesse de son professeur pour en tirer profit.Lui non plus ne donne pas l’impression d’avoir trouver sa place.En effet,que recherche-il dans la maison?Une mère,une femme ou les deux?Peut-être bien aussi la famille qu’il n’a jamais eu.En ce qui concerne Emmanuelle Seignier,on regrette que l’actrice ne soit pas présente plus souvent dans le film tant l’odeur de la classe moyenne lui va comme un gant.Son mari comme son fils trouvent leur légitimité uniquement dans les moments(complices) où ils sont tous les deux.
Finalement,François Ozon montre que l’écriture et la réalisation répondent aux mêmes attentes.L’un comme l’autre fait évoluer des personnages dans une histoire,histoire qui a une certaine finalité.Ce but devra être découvert par le spectateur en fonction peut-être de son vécu et de son ressenti lors de la lecture.Dans la maison est tout sauf un succès exagéré et de plus,il a le mérite d’être un (très bon) film français.Toutefois,je suis restée sur ma faim avec la sensation d’avoir refermé un très bon bouquin qui s’achève bien trop tôt.
