Retour aux fondamentaux pour Tim Burton avec cette fantaisie macabre qui renoue - partiellement - avec l'univers gothique de Hollow Man ou celui plus poétiquement déjanté d'Edward aux mains d'argent ou Beetlejuice. Vampire, sorcière, fantômes et loup-garou se dévoilent dans un petit port du Maine, conséquence d'une passion dévastatrice née deux siècles plus tôt. Ainsi que décrit dans un prologue jouant à fond la carte rétro-numérique, la famille Collins, venue de Liverpool, a bâti sa fortune et sa ville, Collinsport, sur une nouvelle organisation plus rationnelle de la pêche. Mais l'héritier, Barnabas (Johnny Depp, fétiche de Tim Burton et toujours aussi naturel pour jouer les rôles les plus improbables), a le malheur de rejeter l'amour d'Angélique, sa servante (Eva Green, assez impressionnante en femme fatale) pour celui de la diaphane Josette. Ignorant les pouvoirs maléfiques d'Angélique, qui se venge en faisant se précipiter Josette du haut d'un promontoire. Et en empêchant Barnabas de l'y rejoindre dans la mort en le transformant en vampire. Enfermé vivant - ou mort-vivant plutôt - dans un cercueil, il s'en voit libéré par les ouvriers d'un chantier en 1970. Pendant ce temps, Victoria, sosie de Josette est devenue la gouvernante de la famille Collins, désormais bien décrépite. Régie par Elisabeth (Michelle Pfeiffer, vieillie mais toujours aussi belle), elle se compose d'une jeune fille ado boudeuse, d'un petit garçon orphelin de mère - noyée - et de son père, pièce rapportée et inconséquent. Sa fortune s'est envolée et le commerce de la pêche à Collinsport est désormais dominé par AngyBay, la compagnie fondée par Angélique, que ses pouvoirs de sorcière ont rendu immortelle et inchangée.
Débarquant là-dedans, Barnabas est immédiatement reconnu par Elisabeth, qui l'accueille comme un parent éloigné. Celui-ci va s'occuper de redonner du lustre à la famille et va tomber amoureux de Victoria, relançant la colère d'Angélique.
Jouant sur les anachronismes dans le style des Visiteurs, avec son vampire découvrant avec surprise les moeurs de l'Amérique de la guerre du Viet-Nam (jolie bande son à l'appui), Tim Burton verse dans la seconde partie de son film dans le fantastique spectaculaire, dont une scène érotique fracassante entre Barnabas et Angélique, puis une bagarre tout aussi homérique dévastant la demeure familiale.
Sans grands enjeux, Dark Shadows n'atteint pas la magie des grands films passés de Burton, mais il s'avère d'une réjouissante fantaisie et d'une imagination encore bien active dans la création des personnages et la mise en scène. Le fantôme du génial Burton vient donc avec bonheur hanter en partie ce nouveau film. Plutôt de bon augure en attendant Frankenweenie 2012, long-métrage en stop-motion adapté du court-métrage des débuts du réalisateur.
danielmuraz
7
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le 20 mai 2012

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danielmuraz

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