Tim Burton fait cette fois fausse route avec cette adaptation hasardeuse, entre comédie et horreur.

Tim Burton fait cette fois fausse route avec cette adaptation cinématographique de la série télévisée "Dark Shadows". Vampires, sorcières et autres créatures se retrouvent outrageusement pris dans un film au style totalement impersonnel, voyageant hasardeusement de la comédie à l'horreur.

Tim Burton a beau être un grand cinéaste, avoir un style visuel particulier et reconnu, cela n'empêche qu'il peut se tromper parfois. C'est le cas ici avec son dernier film en date, "Dark Shadows", une mixture d'horreur et de comédie qui fonctionne très mal pour diverses raisons. Alors que l'ouverture située en 1752, ses images grandioses et son style gothico-horreur à la façon des premiers films de vampires capturent notre attention, et ce encore malgré une narration quelques peu enfantine, le film passe totalement du coq à l'âne (point de vue ambiance et style) en introduisant les scènes suivantes, situées cette fois en 1972. "Dark Shadows" est-il un film d'horreur ou une comédie. La réponce est les deux en même temps ou, pour être plus correct, aucun des deux étant donné que jamais une correcte ambiance digne de ce nom n'a le temps de s'installer, rendant le film très rapidement ennuyant à suivre.

L'idée n'était pas mauvaise au fond. L'histoire tourne autour de Barnabas Collins (Johnny Depp), un homme transformé en vampire par une sorcière qui l'aime (Eva Green) en 1752, et qui se voit libéré du cercueil dans lequel il était enfermé en 1972. Bien que de retour dans sa maison ancestrale, les choses ont bien changé en 200 ans, les membres de sa famille ne s'entendent pas très bien et ont perdu leur pouvoir sur le commerce dans la ville du coin, désormais mené par la cruelle sorcière. L'histoire garde beaucoup son aspect de série télévisée. Du coup, chaque scène a l'air d'un épisode différent, créant un réel problème dans le montage.

L'horreur n'a pas le temps de s'installer car le suspense est manquant. A l'opposé, on aurait pu espérer que le film soit ratrappé avec la comédie. Mais l'humour burtonien est tout sauf drôle, si ce n'est le coup de pub MacDonald's non burtonien qui, par la même occasion, nous fait nous questionner sur le réel motif du film. Tim Burton a l'air de se moquer de son public. Le scénario de "Dark Shadows" n'a pas du tout le tacte auquel il nous avait habituée: il est simple et n'a rien d'intéressant. Tout le potentiel du film (les éventuels thèmes intéressant de la famille, de l'amour etc.) est gâché par des scénaristes paresseux qui jettent leurs idées plic-ploc, incapables de se détacher du côté série TV. La seule chose que le film réussit vraiment bien, c'est à nous faire détester le personnage d'Eva Green.

C'est comme si Tim Burton et les producteurs voulaient se faire de l'argent en travaillant facilement. Les blablas longs et inutiles entre les personnages n'apportent rien. La jalousie de la sorcière nous énerve. Le caractère de Barnabas qui aime la sorcière de temps en temps n'est très compréhensible. La scène dans laquelle Barnabas et la sorcière font l'amour en détruisant toute la pièce dans laquelle ils se trouvent est de la pure pornographie, soft en nudité mais forte en excitation, en action et en respirations profondes. La scène n'a rien d'artistique mais tout de commercial pour attirer l'attention de n'importe qui.

Alors que certains font du bon boulot – par exemple le directeur de la photographie Bruno Delbonnel, le compositeur Danny Elfman... – Burton manque totalement de sérieux. "Dark Shadows" est complètement raté, à part sa fin qui sauve le film de l'ennui, sans pour autant effacer ses erreurs qui se sont accumulées pendant plus d'une heure. La fin est plutôt satisfaisante, réellement cinématographique, pleine d'action et de retournements de situation et elle suit une seule direction au lieu de mélanger plusieurs styles. Même si les petits secrets de famille (loup-garous, fantômes...) n'ont pas vraiment d'explication et n'apportent rien de nouveau sinon du spectacle, le tête à tête entre Barnabas et la sorcière est, lui, savoureux, de même que la scène suivante, répétant l'action de la scène d'ouverture avec des conséquences différentes. Et c'est grâce à ce petit plaisir final, projeté après l'énorme bouse cinématographique occupant les premières 1 heures 30 de film, que Tim Burton gagnera forcément l'enthousiasme des foules et de ses fans!

Autre élément précieux au film, les acteurs rentrent plutôt bien dans la peau de leurs personnages. Le casting cinq étoiles réunissant Johnny Depp, Eva Green, Michelle Pfeiffer, Helena Bonham Carter, Jackie Earle Haley et aussi les deux jeunes Bella Heathcote et Chloë Grace Moretz, apporte certes de l'intérêt au film grâce aux prestations, mais avant tout un bon coup de pub destiné à attirer le public et à l'empêcher de critiquer le film en mal. Quoiqu'il en soit, j'ai personnellement trouvé le film totalement dénoué d'intérêt. Les faiblesses du précédent "Alice au Pays des Merveilles" étaient déjà un signe comme quoi Burton passait à quelque chose d'autre, poussant sa folie encore plus loin mais manquant de nous offrir de l'art, du vrai. "Dark Shadows" est une véritable déception!
Ciné-Look
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le 18 mars 2014

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