Étrange fascination que celle qu’exercent les petites fripouilles sur Jacques Audiard. Après l’idéologie déjà douteuse de son « Prophète », le voilà qui s’obstine à faire l’apologie de la bêtise la plus crasse. Si le sujet séduit – une histoire d’amour entre deux handicapés, elle physiquement, lui humainement – il y a quelque chose de malhonnête dans la peinture des personnages. Lorsqu’on tente de nous faire croire en la miraculeuse délicatesse d’Ali, ce père indigne et violent qui ne se sent vivre que lorsqu’il livre des combats du rue clandestins, la pilule a du mal à passer. Afin de parachever sa manipulation, Audiard filme tout en très gros plans – histoire de nous faire comprendre que ses sujets sont H-U-M-A-I-N-S –, dans une lumière incandescente – pour représenter la part lumineuse de ces bêtes de foire. Mais la vérité finit par éclater au grand jour lors d’une scène de combat urbain. Filmée au ralenti, esthétisée à l’extrême, elle trahit les penchants douteux de son réalisateur. La vie ne serait donc qu’une suite de coups à encaisser. Pour en sortir indemne, soyez bête et soyez brute.
Juste assez trash pour faire croire qu’il est subversif, « De Rouille et d’os » fera illusion auprès de la petite bourgeoisie, la persuadant d’avoir mis un pied dans la réalité et la dureté de la vie.
Cygurd
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Créée

le 18 mai 2012

Modifiée

le 10 oct. 2012

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Film Exposure

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