La Chronique Mécanique de De Rouille et d'Os

Depuis 1994 et Regarde les Hommes Tomber, tout cinéphile qui se respecte attend avec une impatience non-dissimulée la sortie d'un film de Jacques Audiard. En effet, la carrière cinématographique de cet héros très discret s'apparente jusqu'ici à un sans-faute, chacun de ses longs-métrages à un violent uppercut vous envoyant directement au tapis. Présenté l'an dernier en compétition officielle au festival de Cannes, De Rouille et d'Os n'échappe pas à cette règle de drames puissants et naturalistes s'ancrant avec force dans la réalité la plus dure. A ce détail près que, pour une fois, le cinéaste tend à s'éloigner du film noir pour s'orienter vers la clarté brûlante du mélo. Avec cette espèce d'Intouchables version intello, où une séduisante et intelligente jeune femme se retrouve clouée dans un fauteuil-roulant et récupère un semblant de joie de vivre aux côtés d'un marginal brut de décoffrage, Audiard perd toutefois un peu de son aura si intense que l'on ressentait de plein fouet dans ses films précédents. Si De Rouille et d'Os est plutôt très réussi, avec sa mise en scène sobre où le moindre cadre est extrêmement soigné et la conviction d'interprétation de deux acteurs tout juste parfaits, il peut néanmoins se voir comme le « moins bon » film de son auteur. Notamment à cause d'un petit problème de rythme par moment et surtout d'un manque parfois gênant d'émotions pures, ingrédient incontournable de tout bon mélodrame. En dépit de cela, subsiste néanmoins une excellente analyse sociétale et comportementale, épreuve dans laquelle le réalisateur-scénariste-producteur excelle. Il y fissure à grands coups de poings les carapaces de glace de ses personnages pour nous les livrer à cœurs et à corps perdus. N'empêche que si les films d'Audiard les moins réussis ressemblent à ça, on accepte volontiers qu'il en "rate" plus souvent.

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JeanVacances
7
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le 13 juin 2013

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