Moi qui ne suis pas fan des films où il ne se passe pas grand chose (à quelques exceptions près), j'ai grandement apprécié l'essence de ce film, ce parfum post-apocalyptique, cette ambiance brumeuse et jaune-orangée, cette crasse omniprésente, cette moiteur collante et poisseuse.

Le défilé de gueules est un thème récurrent de Jeunet, et il en use par des plans serrés, au grand angle, la lentille collée au menton de ses éclopés. Et il y en a : il a rassemblé dans un immeuble un boucher qui sort sa viande d'on ne sait où, dans un contexte de famine et de restrictions, un éleveur de grenouilles et d'escargots, une suicidaire très inventive, deux frères fabricants de boites à meuh, une armée underground de types zarbs et un clown au chômage après qu'on ait mangé son partenaire. Elles sont parfaitement servies par une photographie parfaite, entre la teinte orange de l'ensemble et les jeux d'ombre.

Petite poésie intemporelle sur la tolérance et l'ouverture aux autres (par ouverture, j'entends, celle de l'esprit, pas celle au hachoir), ce film souffre cependant d'un rythme un peu trop lent pour moi, même s'il aligne quelques scènes magiques (l'immeuble qui vit au rythme du matelas, les tentatives de suicide), on aimerait bien qu'il se passe un peu plus de choses dans l'heure et demie du film. Loin de moi l'idée de dire que ce film est une purge, Jeunet et Caro ont fait tenir tout ça en 1h40, et c'est une bonne idée.
spirifer

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