La période de prohibition de l’alcool aux Etats-Unis est un sujet vu et revu qui entraîne quasiment nécessairement une histoire basée sur des gangsters plus ou moins intéressante. Qu’en est-il alors de ce nouveau film de John Hillcoat, impressionnant réalisateur de « La route », film d’anticipation apocalyptique rudement bien mené ? Et bien, sans changer les codes, l’Australien réussit à maintenir le spectateur en haleine devant l’histoire de cette famille de bandits.
Tous les codes sont là. D’abord les années 20 et tout ce que le charme de ces années folles peut apporter. Les personnages sont soit très masculins et donc très virils, comme en témoigne le personnage de Tom Hardy (encore une fois très bon et en passe de devenir un des meilleurs acteurs du moment) et son poing américain, éclatant de violence et force tranquille au cœur tendre entre deux grognements. Ensuite, la mafia et toute la déontologie qui y a trait – si on peut le dire ainsi – avec un code d’honneur à respecter et la police qui n’en a que faire. Et puis les décors, les costumes, l’ambiance générale qui fait qu’on est en terrain connu et qu’on est en droit d’attendre un certain résultat.
Côté réalisation, rien de bien particulier et c’est peut-être le plus gros reproche que l’on peut faire au film. John Hillcoat s’exécute sans faire d’étincelles, il scrute sans surprendre, il décrit une histoire qu’il a bien étudiée comme un bon élève devant sa classe. Pas de prise de risque et même parfois quelques lenteurs et pire, certaines scènes assez caricaturales. Les personnages sont développés juste ce qu’il faut pour s’attacher un minimum à eux et on ne se soucie par réellement de la cohérence vis-à-vis de l’histoire réelle (puisque c’en est une a priori). Clairement, on tombe dans le classicisme hollywoodien où le film n’est ni un chef-d’œuvre inoubliable, ni un navet à gros budget, l’exercice est bien fait mais sans style, des saveurs assez diffuses s’en ressentent mais on ne peut absolument pas se souvenir clairement du film quelques semaines après l’avoir vu.
La bonne surprise vient quant à elle des acteurs en général et même de Shia Labeouf qui reste enfermé dans ce rôle de jeune homme trop sûr de lui, trop en manque d’attention et assez énervant par moment. Jessica Chastain transpire la grâce surtout depuis que Mallick l’a dirigée et les divers seconds rôles même si pour la plupart sont sous exploités (l’exemple flagrant d’un Gary Oldman en retrait pour notre plus grand malheur) restent corrects. Le grand méchant de l’histoire – puisqu’il en faut un, machine hollywoodienne oblige – cabotine et agace plus qu’il n’effraie avec « ses manies de la ville » pour citer ces campagnards américains.
L’histoire d’une fratrie donc qui survit et même grandit dans un monde de violence. Un fait divers où le plus costaud est un immortel présumé qui survit tout de même à certains évènements hautement improbables. On était en droit d’attendre un renouveau du genre après « La route » et on ne peut qu’être un peu déçu du résultat même si le divertissement est de très bonne facture. Un bon moment de cinéma, divertissant à une époque où les gros budgets entravent l’imagination et ça fait du bien.