Il y a deux films que j'attendais en 2012 : Laurence Anyways et Lawless. Etant fan, j'attendais Tom Hardy au tournant. Marre de le voir, certes toujours aussi excellent, dans de grosses productions qui ne sont pas à la hauteur de son talent (mais qui, cependant, l'ont enfin fait découvrir au grand public.) Et le re-voilà dans le genre de films où j'aime le voir.

Lawless n'est pas lisse, c'est un film violent. Mais là, on parle de vraie violence : d'effusion de sang, de fusillades sans explications, de combats au poing américain, de cages thoraciques qui s'écrasent, de trachées explosées, de coups qui font mal même au spectateur... (Batman peut aller se cacher sous sa grande cape.) Tiré d'une histoire vraie, plus ou moins enjolivée par le récit du petit-fils d'un des trois personnages principaux, c'est l'histoire de trois frères, les Bondurant, qui brisent les lois à l'époque de la prohibition.

Film hybride entre le western et le film de gangster, c'est une vraie claque. Outre la violence et le côté "historique", l'intrigue met surtout l'accent sur la famille et les liens hiérarchisés entre les trois frères : Forrest est le meneur ; Howard, son homme de main et Jack est le petit dernier qui veut faire ses preuves.

Tom Hardy est plus que fabuleux dans le rôle de Forrest Bondurant, le chef de famille auquel il ne faut pas chercher de noises. C'est un personnage sombre, réfléchi et violent. Il est mythique, c'est grace à lui que la famille est respectée : l'homme qui a marché sur des kilomètres avec la gorge tranchée. Il a une confiance inébranlable en lui-même, c'est pourquoi il n'a aucune peur de se dresser contre l'horrible agent spécial Rakes (Guy Pearce), même lorsqu'il est le dernier du comté à le faire.
Le choix de Tom Hardy est judicieux. Il a habitué le grand public des rôles de méchants (les Bane et Eames de Nolan) mais c'est dans les rôles ambigus qu'il excelle. Ce méchant que l'on aime malgré nous : le malfrat, Handsome Bob ; le prisonier violent, Bronson ; et maintenant le hors-la-loi, Forrest Bondurant. C'est un personnage froid, et supérieur, mal à l'aise lorsque ses faiblesses sont percée à jour par la belle Maggie (Jessica Chastain). Forrest cache une grande humanité derrière ses lacunes de communication et ses airs de mafieux des campagnes que seules quelques scènes avec la jeune femme ne peuvent montrer. Ce qui en fait un personnage tellement intéressant et attachant.

Jason Clarke, quant à lui, tient le rôle du frère cadet, Howard. Un homme loyal, une sorte de garde du corps de Forrest sur lequel celui-ci se repose entièrement. Il n'a pas l'air très brillant et il se noie perpétuellement dans l'alcool, ce qui le rend impulsif et violent. On notera surtout la scène où il déboule de nulle part alors que le shérif essaie de convaincre Forrest de payer la taxe. Son frère aîné l'arrête juste avant qu'il ne commence à verser de l'essence dans la gorge du policier, montrant ainsi une domination complète sur lui. Howard est, lui aussi, un personnage attachant qui, lorsque l'alcool aura failli lui coûter la vie de son frère, appuiera parfaitement l'image donnée par Forrest. Jason Clarke a su camper à merveille ce personnages aux différentes facettes.

Dans le rôle de Jack, le petit dernier : Shia LeBoeuf se révèle et se démarque enfin de l'étiquette Disney Channel qu'on lui a collé il y peut-être 10 ans. L'histoire de la fratrie n'aurait jamais été la même sans lui. Il a le sens du commerce et des rêves de grandeur et de richesse. Il est prêt à tout pour séduire Bertha (Mia Wasikowska), jusqu'à mettre en péril la vie des siens. Il va se rebeller contre Forrest et, dans son dos, vendre leur production à Floyd Banner (Gary Oldman), le gangster du coin. Ses décisions et ses erreurs vont totalement influer sur l'évolution de la famille. Il leur apportera le succès, la richesse et surtout un danger grandissant tout au long du film. D'abord naïf et peureux, il se métamorphosera lorsque son meilleur ami Cricket (Dane DeHaan) et Forrest seront victimes de Rakes, c'est lui qui, contre toute attente, vengera la famille et rétablira son équilibre jusqu'à la fin de la prohibition. C'est le personnage qui change le plus tout au long du film, LeBoeuf a su gérer son évolution avec une grande justesse.

Bref, avec un casting merveilleux et un scénario de Nick Cave parfaitement ficelé, Lawless est un des films les plus forts de l'année 2012. Il offre une vision de l'époque du point de vue de la campagne, chose que l'on a vu moins souvent. Et bien que certains éléments aient été "ajoutés pour le bien de la fiction", il se démarque par son côté vraisemblable. Et de toute façon, même si des éléments ont été brodés, il est difficile de leur en tenir rigueur tellement l'intrigue gagne en puissance au fur et à mesure qu'elle avance jusqu'à une scène de fusillade intense. Ça n'est pas pour rien que j'ai fini avec les ongles enfoncés sous la peau.

Créée

le 14 juil. 2013

Critique lue 448 fois

Jess Niah

Écrit par

Critique lue 448 fois

D'autres avis sur Des hommes sans loi

Des hommes sans loi
Crocodile
5

Critique de Des hommes sans loi par Crocodile

Lawless : Des Hommes Sans Loi est un film qui m'a carrément laissé sur ma faim. Le film nous invite à plonger dans l'univers de l'Amérique profonde des années 20-30, de la prohibition. Intéressant...

le 11 sept. 2012

40 j'aime

2

Des hommes sans loi
Before-Sunrise
8

Band of Brothers

Lawless est typiquement le genre de films que ne me tentait pas vraiment. L’affiche, clichée à souhait, ne m’inspirait pas et Shia au générique non plus. Il a fallu (radine que je suis) qu’il y ait...

le 15 oct. 2012

37 j'aime

12

Des hommes sans loi
Sergent_Pepper
7

(I can’t get no) Prohibition.

L’alliance John Hillcoat / Nick Cave avait si bien fonctionné sur The Proposition qu’elle se reforme ici, délocalisant le western dans la période de la prohibition, s’attachant aux producteurs...

le 5 mai 2016

35 j'aime

2

Du même critique

Laurence Anyways
JessVoisin
10

We fade to grey

Il m'aura fallu presque dix mois avant d'être capable d'écrire enfin quelques lignes sur Laurence Anyways. Peut-être que le choc a été trop grand, peut-être que j'avais besoin de prendre du recul. Je...

le 14 juil. 2013

6 j'aime

Sleepy Hollow
JessVoisin
4

I curse the day you came to Sleepy Hollow.

Je savais, après avoir vu le pilot, que je ne supporterais pas très longtemps cette nouvelle adaptation de la Légende du Cavalier sans Tête. Au final, j'ai quand même tenu 4 épisodes avant...

le 8 oct. 2013

5 j'aime

Room 237
JessVoisin
8

Ceci est un documentaire.

La première chose à préciser quand on parle de Room 237, c'est que c'est un documentaire qui présente la vision d'un groupe restreint de personnes. Alors certes, par moment, les théories vont un peu...

le 14 juil. 2013

1 j'aime