Mais... qu'est-ce que ce film ? Est-ce bien un film déjà ? Oui, ça en a tout l'air, mais il fait partie du genre d’œuvres qui accumulent des scènes tellement loufoques et insensées que c'est à se questionner sur la santé mentale du gars qui a eu ces idées. Un peu dans le genre d'un Kaboom, pour son côté coloré et scolaire, ou d'un Scott Pilgrim pour son délire atypique et ses références à foison.
Sauf qu'avec Detention, c'est plus vers la fin absurde du film de Gregg Araki et la dimension visuelle rocambolesque de celui d'Edgar Wright qu'il faut se tourner. En effet, rien n'a de sens ! J'exagère, mais en lisant différentes critiques qui vendaient le film comme un succulent melting-pot d'influences diverses, je m'attendais vraiment à être pris dans ce tourbillon singulier. Eh bien non. Le premier quart d’heure est déjà très difficile. Passant en une seconde du teen movie fade au slasher qui tâche, empruntant les voyages dans le temps et les métamorphoses physiques à la SF et au fantastique, jouant du drame familial et de la comédie facile, Detention mélange un peu tout, et en ressort une mixture peu fameuse.
Si la vraie force du film tient dans le fait d'agencer autant d'éléments diverses ensemble, tout en rendant un hommage cinglant aux années 90, à la fois dans les look des personnages (coucou Clapton "Marty McFly" Davis), dans le déroulement des scènes (qui renvoient aux premiers slashers), ou les dialogues bourrés de références, son humour foireux, son auto-dérision extrême, et ses acteurs eux-mêmes peu convaincus par ce projet traînent inévitablement le long-métrage vers le bas. Beaucoup de clichés, mais aussi pas mal d'entre eux qui sont déjoués. Entre un Scary Movie et un Sex Academy, blagues potaches et gags téléphonés à l'appui, en se prenant rarement au sérieux, le film a lui-même du mal à garder l'intérêt du spectateur qui sent que c'est la seule carte qu'a pu jouer le réalisateur pour tenter de faire avaler son fourre-tout cinématographique.
En parlant de réalisateur, il s'agit de Joseph Kahn, à qui l'on doit le très raté Torque, en 2004, mais aussi une pelletée de clips vidéos d'artistes au sommet, et un bon nombre de récompenses pour la qualité de son boulot dans l'univers musical. Et cela se sent au visionnage de Detention. Avec une photographie au poil, Joseph démontre une réalisation très propre, sucrée de couleurs saturées, dynamique et qui contraste pas mal avec son sujet. Un peu comme Richard Kelly dans son Southland Tales d'ailleurs, c'est impeccable côté mise en en scène, alors que le scénario lui part dans tous les sens. Un bon point d'ailleurs au générique d'introduction que j'ai trouvé plutôt bien foutu et bien pensé. À l'image de pas mal d'autres scènes du film ; Joseph recèle de bonnes idées et sait les mettre en avant, même si le manque de moyen se fait souvent ressentir sur le faible tenant des CGI, et qu'il devrait ralentir un peu l'usage de flares à la Michael Bay ou Abrahams. Dommage que le délire qu'il veuille nous faire partager ne suive pas forcément. C'est pas faute, en plus, d'avoir une bande son bien rythmée et agréable à l'oreille. Brain & Melissa ont composé des pistes Rock popisantes, légères, et avec un aspect aérien qui contribue à donner au film un caractère assez unique, et c'est Donnie Darko qui m'est venu en tête ici, le côté lycéen ayant sûrement aidé.
Detention n'est pas mauvais en soi, malgré ce que j'ai pu en dire. C'est juste un film enfermé dans son accumulation incessante d'éléments plus osés et abracadabrantesques les un que les autres, se jouant, certes, de certaines banalités, mais se perdant dans un humour trop prononcé qui relègue vite la subtilité au second rang et finit par devenir une parodie de lui-même. C'est bien fait, assez original, plein d'idées, loin de n'être qu'un film de forme, mais je n'ai sûrement pas su en saisir toute son essence et me suis généralement ennuyé au sein de ce joyeux foutoir.