J'ai toujours une certaine appréhension quand je décide de regarder un film estampillé "culture pop", avec des références cinématographiques, vidéoludiques musicales...etc... citées ouvertement. Ajouté à cela une bonne couche de post-modernisme censée toucher à plusieurs genres ciné, et je me mets en mode défensif face à l'annonce de chaque projet dans le genre. Parce que je suis du genre à penser que le cinéma actuel doit se débarasser de ce genre de démarche créative pour revenir à une forme de classicisme non dénué de modernité (pas pour rien que je considère que les meilleurs réal' ricain actuels sont des types comme James Gray ou Carnahan-quand il ne fait pas l'Agence tous risques - par exemple)
(enfin je dis ça mais j'avais trouvé ça fun l'Agence tous risques...ce qui devrait être le minimum venant de chaque blockbuster...fin bref passons).

Mais bon je dis ça et je suis plus souvent conquis par ce genre de films "pop" que je ne le voudrais/pensais aux premiers abords. Et comme Scott Pilgrim et Kaboom, tous deux sortis il y a deux ans, c'est encore avec le sourire aux lèvres que j'ai terminé le visionnage de ce Detention. Alors comment le sieur Kahn s'y est-il-pris pour trouver lui aussi un tour de passe-passe, à l'instar de Wright et Araki, pour que je finisse par adorer son film ? Ca doit tenir en 2 mots : personnages et inventivité.

Je commence donc par l'aspect qui paraîtrait le moins évident en abordant le film (pour peu qu'on ait entendu 2-3 choses dessus) : Kahn a su construire des personnages immédiatement attachants et se détachant (hu-hu) de manière inventive et parfois absurde (dans le bon sesn du terme) de certains archétypes de teen-movies. Déjà par son personnage principal, Riley (Shanley - actrice à suivre pour sûr - Caswell), lycéenne tiraillée entre ses convictions à contre-courant (c'est une vegétarienne et elle milite et s'investit dans ce sens au sein de son établissement) et son désir de reconnaissance et de popularité. Elle n'est donc ni une caricature ni dans un sens ni dans l'autre. Elle est juste (à peu près) normale. (c'est souvent John Hughes qui était cité par le réal' lui même dans les différents interviews, mais j'ai pensé pour ce perso là à un teen-movie qui n'est pas de lui : Heathers de Michael Lehmann, et donc au perso de Winona Ryder dans ce film)

Je passe vite fait sur les autres personnages qui sont tout aussi bien caractérisés et parfois délirants dans leur contradiction : Clapton Davis (Josh Hutcherson) sorte de croisement entre Ferris Bueller, Bart Simpson et Marty McFly, parfais exemple de la coolitude affichée mais dissimulant tout autre chose et Ione : la cheerleader un peu nunuche (mais pas que...), toujours là pour caser un bon mot ou des références improbables, qui détonent dès le début de notre première impression sur le personnage (ce n'est pas un ersatz de Brittany de la série Daria).
'Fin bref pour encore faire la comparaison avec le dernier film de Wright, là où je déplorais une caractérisation ainsi que des interactions et rapports entre les perso quelque peu loupés qui empechaient une empathie de ma part jusqu'au derniers tiers (étonnament réussi à ce niveau là compte tenu du reste du film) dans Scott Pilgrim, Joseph Kahn évite l'écueil de la belle coquille vide (...de personnages "forts", attachants et humains).

Et donc c'est avec cette coquille (qui n'est pas vide comme je disais donc) que Kahn fait encore preuve d'inventivité. Il use de mouvements d'appareils complètement délirants, dont un travelling circulaire avec des fondus en noir, pour une scène de flash-back et de mouvements et cadrages aussi improbables qu'ingénieux dans ce qui est peut-être la séquence forte en émotion du film et celle où la frénésie des idées visuelles, de montage et de dialogues sont suspendus pour un instant de soufflement.
J'avais pu lire ici et là au hasard du net que l'inventivité visuelle de SP se limitait aux interfaces qui s'affichaient à l'écran, en oubliant totalement le talent de mise en scène, de découpage et de montage que Wright faisait preuve sur son film. Et même si Kahn n'a pas encore le talent de Wright, il n'a pas non plus limité son inventivité visuelle à des interfaces à l'écran (qui sont surtout présentes pendant le premier tiers du film) et même si, comme l'indiquait Kentis Cocker plus haut, Kahn abuse trop de travelling (et j'ajouterais peut-être de lens flare) il arrive par sa mise en scène à donner un rythme frénétique mais jamais fatiguant (car pas trop cut entre autres choses, et il évite les ralentis/accélérés de Ritchie par exemple, qui ont cessé d'être efficaces dès 2000 en fait ou qui ne l'ont jamais été au choix) et à procurer une délectation de la part du spectateur face aux trouvailles de pure mise en scène et de rythmique dans son montage, dont il fait preuve. (que les gars de Bref en prennent de la graine...ah ben nan c'est trop tard... )
(ceci est un taquet totalement gratuit sponsorisé par moi-même)

Ca sera sûrement un film qui sera dur à appréhender pour la plupart ici et pour lequel il faudra peut-être essayer de ne pas buter sur sa simple forme (ou sur 2-3 vannes auto-satisfaites) et le prendre pour ce qu'il est : un teen-movie OFNIesque qui ne représente en rien de ce que vers quoi le cinéma va de + en + tendre dans le futur (qui pourra faire flipper certains si ils s'imaginent ça) mais qui représente bel et bien (bien que l'on puisse croire dans un premier temps le contraire) une singularité dans le cinéma actuel. Et la singularité en ces temps parfois décourageants c'est précieux.

Bref tout est bon dans Detention
Woodrow
8
Écrit par

Créée

le 29 sept. 2012

Modifiée

le 29 sept. 2012

Critique lue 458 fois

1 j'aime

Woodrow

Écrit par

Critique lue 458 fois

1

D'autres avis sur Detention

Detention
Marius
7

^_^

Donnie Darko +Iron Man +Buffy +Scream +Breakfast Club +Retour vers le Futur +Waynes World +ProjectX +Freddy +Clueless +La Mouche +Saw +Freaks&Geeks +Forbidden Planet +Piège en haute mer +Star...

le 3 sept. 2012

29 j'aime

2

Detention
Gand-Alf
8

School's out for ever !

Traîné dans la boue par les cinéphiles de tous poils à cause de son "Torque", le clippeur Joseph Kahn ne va pas se laisser abattre et va sortir de ses tripes son VRAI premier film, SON cri du coeur à...

le 10 août 2012

25 j'aime

3

Detention
Templar
7

"The 90's are the new 80's"

Pourquoi faire des films en s'appuyant sur le sens et la cohérence, pourquoi se contenter d'un genre quand la palette cinématographique en offre bien plus ? Detention se moque des explications, de la...

le 19 août 2011

22 j'aime

3

Du même critique

Bref.
Woodrow
3

De la vacuité du concept

Alors oui je l'avoue. Le premier épisode avait fait mouche sur moi. Même si le concept n'avait en soi rien de nouveau (ce qui n'est pas un défaut) vu les références appuyées des auteurs à des films...

le 20 févr. 2012

1 j'aime

The Raid
Woodrow
9

Les 400 coups (de tatane)

A une époque où le cinéma d’action ne se résume plus qu’à à des adaptations de comics (Avengers)/jouets (Transformers)/jeu de société (Battleship) ou à des sous Jason Bourne (le récent Sans Issue)...

le 27 août 2012

La Cabane dans les bois
Woodrow
1

Murders Story

[Attention SPOILERS] Alors qu'on pensait être débarassé à tout jamais de cette vague de films d'horreur, initiée par Kevin Williamson à la fin des années 90 avec Scream et The Faculty et se reposant...

le 26 août 2012