Un film qui tranche sur le cinéma habituel de Jean Becker plein de bons sentiments et d'optimisme, un cinéma auquel d'aucuns reprochent son côté consensuel et lisse, même si des réussites certaines jalonnent l'oeuvre du cinéaste.
Alors oui, l'on pourra cette fois parler d'une réalisation plus noire que met en valeur la présence d'un Albert Dupontel grinçant comme jamais qui donne toute sa force et sa complexité à ce personnage politiquement très incorrect qui ne laisse pas de nous déstabiliser.
Qui est donc Antoine cet homme comblé par la vie, épouse charmante, beaux enfants, jolie maison, cercle d'amis à son écoute, et qui du jour au lendemain devient odieux : regard noir, verbe mauvais, l'insulte gratuite à la bouche, il conteste, crie et vocifère avant d'envoyer tout balader et de claquer la porte.
Pourtant la première partie très sombre, et qui donne le ton, titillant chez nous une insidieuse curiosité, ne manque pas de truculence, et c'est bien une des réussites du cinéaste d'avoir alterné avec bonheur ce mélange des genres qui donne tout son relief à une histoire où secret il y a, on l'aura bien compris.
Le mal-être d'un homme, sa souffrance, sa colère, sa révolte, ce formidable instinct de vie qui donne la force de combattre par le silence ou les mots distillés au compte-gouttes pour mieux se cacher, et qui génèrent l'incompréhension de ceux qu'on aime et qu'on veut protéger:
Albert Dupontel est tout cela et bien plus encore.
Et puis l'image est là : somptueuse, dans de très belles scènes de pêche et de nature en Irlande, moment privilégié entre un père et son fils, excellent Pierre Vaneck, jusqu'à la "chute" finale où tout nous est révélé : prenant.
Aurea
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le 29 nov. 2011

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Aurea

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