C'est fou le bien que ça fait. Mais j'ai eu l'impression pendant 2h45 que Tarantino s'essoufflait.
Faut pas mal interpréter mes propos. Tarantino atteint ici un talent de réalisateur qu'il avait eu du mal à atteindre jusque là. Mais pourquoi dire que l'on fait un western si c'est pour avoir au final le scénario et la construction d'un film de kung-fu ? Je veux bien que ça se passe dans le far west en 1858 et que les gars ont des chapeaux et des chevaux, mais l'habit fait pas le moine, si ?
Et, ce n'est pas parce qu'il devient de plus en plus talentueux que ses films se font meilleurs. Il montre perpétuellement qu'il est en panne d'idées et qu'il puise dans ses autres films. Les auto-références n'ont jamais autant été légion dans son oeuvre.
Que tu te fasses quelques légers clins d'oeil, comme par exemple la scène au coin du feu - superbe hein, je dis pas - qui est reprise de Kill Bill 2, OK, que tu nous sortes encore Michael Parks, allez, ça passe, que tu refasses la scène des Crazy 88, oooooké, mais n'essaie pas de refaire quelque chose que tu n'arriveras pas à refaire. La scène du bar de Basterds est peut-être la plus belle scène de ton oeuvre, mais l'allonger, rendre les dialogues bien moins intéressants, et perdre toute cette intensité dans la scène du repas chez Candie... Enfin non quoi.
Et même dans les dialogues, on dirait qu'il s'essouffle. Ce n'est pas les dialogues auxquels on a toujours eu droit avec lui.
Et je parle même pas de Christophe Waltz, véritable parodie de lui-même qui, même s'il est très bon hein, est beaucoup trop proche de son rôle d'Hans Landa pour que l'on arrive à penser à King Schultz. D'autant plus que ce sont les scènes où il n'est pas à l'écran qui sont de très loin les meilleures, comme quoi...
Après, encore une fois, faut pas mal interpréter ce que je dis. Là, je juge juste ce film par rapport au reste de son oeuvre. Si on juge ce film par rapport à ce qui sort en ce moment, c'est pas du tout la même histoire.
Ce film est véritablement une perle. Je me suis régalé pendant 2h45. La BO, à quelques titres près (PUTAIN, TUPAC ???!!!!!! RZA ?????!!!!!! DANS UN "WESTERN" ???? MAIS DAFUQ ????) est géniale, l'histoire magnifique et file de sacrés frissons, Jamie Foxx rappelle qu'il n'y a pas que Will Smith comme noir à Hollywood, DiCaprio nous fait oublier son Dom Cobb...
Les scènes de fusillades sont jouissives. Les 10 dernières minutes m'ont fait chialer. Le film est bien plus régulier que son prédécesseur Basterds qui souffrait bien trop du handicap "Mélanie Laurent-Chapitre 3".
Mais c'est toujours la même histoire, quand tu comptes dans ta filmographie de tels chefs d'oeuvre, tu ne peux pas arriver avec un autre film en étant à bout de souffle. Après, si c'est comme après Death Proof, et que derrière tu nous ponds un autre chef d'oeuvre, c'est avec plaisir hein. D'ailleurs Death Proof a de grandes similitudes avec ce Django, un talent de réalisation jamais vu auparavant dans sa filmo et un trop grand abus des auto-références. Mais je sais pas. J'ai vu un grand film, l'un des meilleurs films au ciné que j'ai vus depuis longtemps, mais l'un des moins bons Tarantino. Donc, je suis déçu tout en étant heureux. Paradoxal, quoi.
Bref, enchaîner en deux jours The Master et Django Unchained faisant tous deux preuve d'un talent de réalisation assez impressionnant me donne encore plus envie de voir ce cher Argo et comprendre ce que Ben Affleck a fait de si grand (à part foutre une barbe pour cacher ce vilain menton) pour gagner ce Golden Globe.