Don't touch me please
Don't touch me please

Court-métrage de Shanti Masud (2010)

Une petite merveille que ce film expérimental sans paroles dédié aux vertiges du refus de l’amour. Dès le début, on est porté par l’énergie du premier personnage et par la musique entraînante. Il n’y a pas d’histoire dans ce moyen métrage mais une succession de « tableaux » présentant des personnages et des situations à chaque fois différents : des coupes installés, d’autres en possible devenir (cas le plus fréquent), une sorte de triangle amoureux mais aussi une femme seule. Point commun de toutes ces femmes : leur refus, comme l’indique le titre, celui que l’on montre aussi à sa façon, plus ou moins directement, mais rarement sans une once de gêne, au minimum. Car il est toujours flatteur d’être séduite, et amer de devoir éconduire quelqu’un sachant qu’on le rendra malheureux.


Il ne se passe pas grand-chose dans ce film mais on ne s’ennuie pas. Shanti Masud prend son temps, rien ne presse, le moment prime sur le récit. Il n’y a d’ailleurs pas de récit à proprement parler mais que du sentiment, du malaise, du questionnement, des incertitudes, accompagnés par des musiques particulièrement bien trouvées. Il est rare qu’on ait d’aussi longs gros plans dans des films, mais c’est très riche, voire indispensable pour nous permettre de percer avec précision l’état d’esprit des personnages, en ces moments souvent difficiles, où on clope beaucoup, on boit, on ne sait pas faire autrement, on fait au mieux.


Les personnages sont beaux, ils dégagent tous quelque chose, il y a du vrai dans ces visages, dans ces corps, dans ces attentes car rien n’est bref, le temps est long, la vie est lente en ces moments douloureux. Le film est assez fascinant, il n’a pas besoin de dialogues, le corps dit tout si on sait le filmer comme il faut. On voit tout, le désir, l’envie, les tentatives de séduction, les interrogations, les doutes, la frustration, le dépit, la résignation, le mal être, l’inquiétude, la difficulté de rejeter ou plus simplement de le faire comprendre.


Un film sensuel marqué d’une touche surannée apportée par le noir et blanc, les musiques choisies avec beaucoup de goût, les habits, les coupes de cheveux. Un film fascinant, par conséquent, pour lequel je suis tombé sur une chouette critique, une vraie, que vous lirez avec profit ici si vous souhaitez d’autres propos élogieux, et mieux étayés : https://h-magazine.co/2014/01/23/dont-touch-me-please/


Le film se verra agréablement ici : https://vimeo.com/58251376


Il faut juste ne pas être pressé, prendre le temps de le voir tranquillement, car il se savoure. Plus tard, on peut y revenir et ne voir qu’un « tableau », je pense que c’est très bien aussi !

socrate
9
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le 25 juil. 2016

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socrate

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