Edward Aux Mains d'Argent ou la preuve qu'avec suffisamment de talent et d'imagination, une histoire extrêmement simple devient un chef-d'oeuvre du 7e art.

Tim Burton réécrit La Belle et la Bête à sa façon, sombre, gothique, et poétique, enterrant au passage à la fois le roman original et le film avec Jean Marais (la version Disney n'était pas encore sortie, évidemment).
La critique de l'American Way Of Life et de la superficialité se fait féroce, à travers le décor des pavillons et le caractère des personnages entourant la famille qui recueille Edward.

Des pavillons propres, aseptisés, identiques, etc...Habités par des crétins ignares curieux de la moindre rumeur, se concentrant sur leur apparence, en oubliant tout le reste.
Et personne n'y échappe, à commencer par "la Belle" Kim Poggs (Winona Ryder, parfaite), qui change peu à peu au contact de la naîve et touchante innocence d'Edward, malgré la superficialité et la haine irraisonnée de Jim (Anthony Michael Hall, qui deviendra star de la télé quelques années plus tard avec la série Dead Zone).

Et il y a Edward, "la Bête" (Johnny Depp, absolument magnifique d'émotion, de sensibilité, et de justesse, avec presque tout son jeu passant par le regard et la gestuelle).
Quelque part entre l'enfant qui vient de naître et le prisonnier subitement libéré de sa prison et trouvant le monde extérieur fou.
Plongé de plein fouet dans un monde où l'être humain hait et craint ce qu'il ne comprend pas et ne peut pas expliquer.Malgré tous ses efforts et ceux de la famille Boggs, Edward ne trouvera jamais vraiment sa place, suscitant la peur, la colère, la heine...

Alors qu'il n'a jamais demandé qu'à être le plus "normal" possible, portant sur le monde un regard d'enfant naïf en demande d'affection.Parce c'est ce qu'il est, au fond.

Mais Burton ne s'arrête pas là dans la critique, osant dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas et veut se cacher.A savoir que les exclus le seront toujours, et toujours pour les mêmes raisons.
Au final, à part Edward, les personnages ne laissent que regrets et gâchis derrière eux, incapables d'accepter la différence, en plaçant prioritaire l'apparence devant la vraie noblesse et la vraie beauté, celle du coeur.

Edward Aux Mains d'Argent n'est guère original dans son idée de base, mais le traitement et la délicatesse de Tim Burton, associés au magnifique jeu de Johnny Depp, en font un réel chef-d'oeuvre, une grande parabole sur le droit à la différence, qui ne sera égalée que par l'humour dévastateur et cynique de Shrek, qui se charge de faire un sort à tous les contes de fées, en livrant le même genre d'analyse.
Lonewolf
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les films à voir ABSOLUMENT!

Créée

le 26 nov. 2010

Critique lue 507 fois

8 j'aime

Lonewolf

Écrit par

Critique lue 507 fois

8

D'autres avis sur Edward aux mains d'argent

Edward aux mains d'argent
OkaLiptus
10

Once upon a time in Hollywood...

"Bien sûr qu'il avait un nom, il s'appelait, Edward..."Autrement dit, Tim Burton. Œuvre magistrale, naïve, irrésistible, foudroyante, féerique, mais qui sait jouer du réel tout en intégrant les codes...

le 6 déc. 2023

105 j'aime

75

Edward aux mains d'argent
Grard-Rocher
8

Critique de Edward aux mains d'argent par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Aux États-Unis, dans un vieux château délabré dominant un village,vit un jeune homme, Edward Scissorhands. Cet être bien différent des autres a en fait été créé de toutes pièces. Il possède entre...

74 j'aime

6

Edward aux mains d'argent
Sergent_Pepper
8

Single Hell.

Le premier plan d’Edward aux mains d’argent est étrangement familier au cinéphile qui connait son petit Citizen Kane : même exploration d’une demeure démesurée et lointaine, même approche d’un lieu...

le 18 nov. 2016

71 j'aime

2

Du même critique

La Rafle
Lonewolf
6

Critique de La Rafle par Lonewolf

Je n'ai pas pleuré devant La Rafle. Ca, c'est fait, je fais désormais partie des pisse froid, inhumains, sans goût, nazis et sympathisants d'Hitler selon Rose Bosch (et je ne plaisante pas, elle a...

le 25 déc. 2010

34 j'aime

6

Ghost Dog - La Voie du samouraï
Lonewolf
9

Critique de Ghost Dog - La Voie du samouraï par Lonewolf

Seconde réadaptation du Samouraï de Melville (après The Killer, de John Woo), Ghost Dog s'inscrit dans la lignée de réussite de ses 2 prédécesseurs. On renoue ici avec le calme du film originel, avec...

le 19 mai 2011

33 j'aime