Pourquoi il ne faut plus aller voir de comédies romantiques

En guise d'introduction : (vas lire, c'est long, certes, mais très interessant) http://www.lecinemaestpolitique.fr/les-comedies-romantiques-americaines-sur-lamitie-hommefemme-redefinition-ou-reaffirmation-du-couple-et-de-lamour/

A propos de Rubyrubyruby.

Ca se veut cinéma indépendant américain, à cause de la bande son pleine de yéyés (visiblement c'est hype d'écouter Sylvie Vartan et de parler français), des acteurs au physique "atypique" (un peu beaux de loin et moche de près), de leurs fringues ironiques et des ralentis et des filtres instagram deci delà.

Malheureusement, ce bel emballage ne parvient pas à masquer la vacuité, le sexisme, et la banalité du propos.

Le postulat de base en forme de métaphore de l'acte de création (en tant qu'écrivain on fantasme ses personnages, on les guide vers notre réalité, et on manipule leur destinées et parfois, certains écrivains ou scénaristes talentueux parviennent à nous donner l'impression que ces personnages sont réels) tourne très rapidement à la bluette niaise et/ou malsaine, sans vraiment parvenir à faire un choix. Dans cet univers, soit on est très très contents car transportés d'amour, soit très très malheureux quand l'amour s'en va. Vacuité, donc.

Sexisme, ensuite.
Le scénariste est une femme.
Je pense femme et cinéma indépendant, je pense Bliss et consorts, je me dis, hey, mais oui, un peu d'espoir et de sex-positivisme dans ce monde ?
(Et tout à coup je repense à la série Girls, qui, sous couvert de thématiques girlie-culcul a un vrai propos sex-positif dans certains épisodes - sauf pour la question de l'avortement, mais bon, on a déjà vu combien le sujet est touchy aux USA).

Hééé non. Zoe Kazan (scénariste, actrice principale) et Valérie Faris (réalisatrice, entre autre, de Little Miss Sunshine, que j'avais trouvé très juste et très bon) tirent deux fois contre leur camps.

D'abord, pourquoi l'écrivain maudit n'est pas un auteur féminin ? Parce que l'image d'une femme qui parvient à rendre réel un personnage de fiction et qui le manipule, ça sonne biatch, salope, furie, FEMINISTE, ouh, le vilain mot. Bref, ça rend le film invendable. L'auteur sera donc un (pas si) gentil looser.

Ensuite, plutôt que de partir dans une direction scénaristiquement originale (tuer Ruby aurait été une fin acceptable), Zoe et Valérie préfèrent s'attacher un public déjà acquit, et nous servent tous les poncifs de la comédie romantique sans la moindre once de recul ou d'humour, à savoir :
- La fille est chieuse, paumée, bourrée de problèmes de complexes, ce qui la rend, évidemment, terriblement attachante, parce qu'on a envie de la protéger, surtout quand elle pleure comme un bébé en pleine rue, ou qu'elle te regarde avec des yeux de châton mouillé, bleus piscine si possible.
- Le devoir de l'Homme est de rendre heureuse Lâfâme sinon, tel un petit animal en captivité, elle s'ennuie, devient triste, et te quitte.
- On ne se remet jamais d'une rupture, ou alors, si possible en rencontrant quelqu'un d'autre. En gros, on n'a pas le droit d'avoir un autre mode d'épanouissement personnel que le Couple, cet absolu, cet idéal.

Le résultat est, avec le recul, une comédie romantique très, très banale.

Je suis sortie de ce film très énervée, très déçue, et bien décidée à ne plus me faire avoir par une bande annonce indie pop.
LioDeBerjeucue
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mais que fait la police de la mode ?!, J'ai un coeur de pierre. et Mes petits tickets de 2012

Créée

le 8 oct. 2012

Critique lue 326 fois

2 j'aime

LioDeBerjeucue

Écrit par

Critique lue 326 fois

2

D'autres avis sur Elle s'appelle Ruby

Elle s'appelle Ruby
Electron
4

Ruby Sparks

J'espérais pouvoir dire du bien de ce film, d’autant plus que j’appréciais que Jonathan Dayton et Valérie Faris n’aient pas cherché à faire quelque chose qui ressemblerait à un « Little Miss Sunshine...

le 6 oct. 2012

30 j'aime

4

Elle s'appelle Ruby
Gand-Alf
6

Dreamgirl.

Tout le monde a rêvé un jour de pouvoir donner vie à un être si possible magnifique ou a un objet fort utile (un overboard par exemple) par le simple pouvoir de la pensée et de l'imagination. Le...

le 4 juin 2013

21 j'aime

2

Elle s'appelle Ruby
Jackal
7

Overactive imagination, indeed

Calvin Weir-Fields est un jeune écrivain qui vit de son best seller écrit dix ans auparavant, il est toujours resté humble face à ce succès mais peine à accoucher d'un nouveau roman. Il se met à...

le 5 oct. 2012

20 j'aime

3

Du même critique

Laurence Anyways
LioDeBerjeucue
5

Critique de Laurence Anyways par LioDeBerjeucue

Les + : - Melvil Poupeau est formidable, c'est sans doute le meilleur rôle de sa vie, alors qu'avant je le voyais comme le petit trentenaire grisâtre du cinéma français indépendant (une sorte de...

le 23 juil. 2012

48 j'aime

1

Girls
LioDeBerjeucue
8

Critique de Girls par LioDeBerjeucue

Critique saison 3 : Cette saison m'a excessivement plu parce que la thématique centrale, effleurée lors des premières saisons de l'amitié entre les Girls, comment elle s'est construit, comment elle...

le 19 juin 2012

36 j'aime

5

Wolfgang Amadeus Phoenix
LioDeBerjeucue
10

A Versailles ! A Versailles !

Avant Wolfgang Amadeus Phoenix I was like, ho c'est bon, arrête un peu avec tes musiques pour ado prépubères et pourquoi pas MUSE ou PLACEBO (mon esprit malade ne faisait pas la différence vois...

le 21 déc. 2011

25 j'aime