Lorsqu'un réalisateur nous impressionne avec un premier film, on attend forcément la suite avec impatience. C'est dangereux dans le sens où l'on peut soit être trop généreux (et tout pardonner?) soit au contraire, très vite prendre la mouche dans le cas où celui-ci décide de prendre une direction inattendue. Je ne pense pas avoir eu d'attentes conscientes quant à la directive artistique, mais je m'attendais à une bonne histoire. Et Ruby Sparks part d'un sujet plutôt intéressant. Hélas, la bande annonce même ne m'a pas convaincu à l'époque de la sortie.
L'idée de base est sympa ; sorte de mélange entre "Frankenstein" et "Code Lisa", le sujet avait tout pour me plaire. Hélas le traitement reste assez pauvre. On sent que le sujet est à peine exploré et que les auteurs auraient pu aller beaucoup plus loin. C'est bien simple, pour moi le film commence vraiment au 2/3 du film lors de cette scène complètement folle avec la machine à écrire. Cette idée évidente est exploitée trop tardivement, ç'aurait dû être le point de départ d'une déviance passionnante mais le duo d'auteurs nous balance ça comme LE climax... un peu faible quoi. Quant à la fin, je ne sais pas trop quoi en penser : sorte de happy ending forcé qui fait un peu s'écrouler toute la thématique sur cet amour déchu...
SPOILER :
pourquoi donner une seconde chance à cette romance loresqu'on la sait vouée à l'échec ? Autant ça fonctionnait dans "Eternal Sunshine of the Spotless Mind" où l'on mettait en avant le côté irresponsables des héros, autant ici ça ne fonctionne pas parce que le personnage féminin est complètement vide (en même temps c'est normal) et que l'erreur vient uniquement de ce garçon qui a besoin d'autre chose qu'une simple seconde chance pour évoluer. En fait en agissant de la sorte, c'est un peu comme si le garçon n'allait pas comprendre ses erreurs. VOus savez, comme à ces enfants qui font une bêtise mais à qui on donne quand même une glace...
Comme dit dans le spoiler, il est regrettable d'avoir un personnage féminin si pauvrement écrit. Il était nécessaire de la rendre creuse au début, puisqu'elle n'est qu'une création du héros (écris sur ce que tu connais, lui dit son frère, car cette fille n'existe pas, n'est pas réelle), mais une fois qu'elle commence à s'émanciper à tisser s apropre volonté, il aurait été intéressant d'approfondir sa personnalité ; au final, elle ne reste qu'un fantasme ambulant jusqu'à la fin. Ce qui prouve une fois de plus que le héros n'évolue pas réellement alors qu'on nous fait croire que si.
Je reproche aussi le rythme. les auteurs se concentrent un peu trop sur le personnage principal qu n'est finalement pas le plus intéressant, surtout par rapport au sujet annoncé. Ca donne lieu à une suite de scènes un peu plates en attendant qu'enfin ça explose quelque part.
La mise en scène manque également de piquant. On sent bien que certaines scènes auraient pu être transcendées avec une caméra plus alerte, plus folle, plus pertinente. Le côté plan-plan manque de saveur, empêche l'histoire de décoller au bon moment. Au final je ne retiendrai d'ailleurs que cette belle scène qui met en scène le héros, sa création, et sa machine à écrire (le fameux climax) ; une scène efficace grâce à un cut incisif. Pour le reste, c'est plat, c'est mou, et la prestation de Paul Dano reste peu imaginative (contrairement à ce qu'ila pu donner dans "There will be blood", ou "Little Miss Sunshine") mais c'est peut-être aussi parce que son personnage manque d'approfondissement.
Bref, "Ruby Sparks" est un petit film indie au pitch très sympa, qui n'ennuie pas sur le moment, mais qui manque cruellement de moments forts, d'un approfondissement du sujet ; le film m'a donc semblé parfait comme premier jet de scénario, mais inabouti tel quel.