L’avenir du cinéma résiderait-il en Argentine ? En effet, depuis les années 2000, le cinéma argentin s’inscrit dans un renouveau formel et thématique comparable en termes de symbolique à la nouvelle vague française des années 60. Les chefs de file ‘’du nouveau cinéma argentin’’, réalisateurs aussi inventifs qu’affranchis dénoncent les travers d’une société marquée par des années de répression et se dotent d’une approche stylistique toute personnelle plutôt rassurante en ces temps de crise économique. Car en effet, cette dernière s’est traduite au cinéma par une peur panique de la prise de risque et c’est ainsi que l’on retrouve sur nos écrans des comédies françaises à la ressemblance troublante et les énièmes suites de films à grand spectacle (Fast and Furious, 7ème du nom semble l’exemple le plus éloquent). Si ces films formatés peuvent être divertissants, ils oublient l’un des principes fondamentaux du cinéma : l’émotion et le trouble que l’on peut en retirer et c’est ce que le cinéma argentin (dont Dans ses yeux est le point culminant) semble avoir compris.
Ainsi, avec Enfance clandestine son premier long métrage, Benjamin Avila s’inscrit dans ce renouveau et fait même déjà partie des plus brillants réalisateurs du mouvement. En effet, son œuvre en grande partie autobiographique évoque les années 1980 qui voient le retour en Argentine de sa famille sous une fausse identité (ils sont opposants à la junte militaire au pouvoir) et la naissance de son premier amour, deux évènements marquants de sa vie qui sont sublimés par sa mise en scène intimiste et délicate. Oscillant sans cesse entre thriller politique et drame romantique, il magnifie par une virtuosité et une maîtrise digne des plus grands l’histoire d’amour bouleversante de ces deux jeunes enfants ainsi que le combat désespéré de ses parents pour la liberté (sans rien perdre de la complexité du conflit). S’inspirant de nombreux cinéastes, Benjamin Avila filme sous le regard subjectif de l’enfant et fait avec Enfance clandestine, la plus belle des déclarations d’amour au cinéma.
Mélany_Tllet
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le 26 janv. 2015

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