Bon tout le monde l'a déjà dit, mais ça me démange. Je sais pas bien ce qui a pris à Kurt, enfin, peut-être plus ou moins. Il avait un message à faire passer, un truc beau et profond sur la nature humaine, et il l'a fait. Ça doit pas être un type perfide, faut croire, parce quand on fait du copier/coller avec autant d'évidence, y a au moins pas arnaque sur la marchandise. Quoi l'affiche fait penser à celle de Matrix ? Ben, tu auras du Matrix, et même, wah, putain ! la scène de fight d'ouverture (où apparaît Dominic Purcell de Prison Break, juste quelques minutes avant de se faire butter) se fait dans le noir avec, waouh ! un éclairage juste avec les bam bam ! des flingues, grandiose, l'ami ! Parce que ça, on va vite le comprendre, Preston, le héros, il est trop fort. Pas pour rien que Nolan l'embauchera pour Batman (parce que, oui, le héros, c'est Christian Bale).
Mais quoi d'autre ? Voyons, Kurt, il s'est dis que ça serait bien de faire un mix des grands classiques. Faut croire qu'il s'est dit que s'il mélangeait les ingrédients de quatre ou cinq grands succès de la SF, il aurait quatre fois plus de chances de faire un hit au box office. Ouais, vas-y Kurt, alors : un peu de Fahrenheit 451 (mais en plus fort, parce qu'au lieu de brûler juste les livres, on brûle TOUTES les oeuvres d'art !) ; puis de Le Meilleur des Mondes, avec une société parfaite et lisse, contrôlée, et où tout le monde se dope avec le Prozium (oh, la trouvaille ! du génie pur : prozac+opium=prozium) qui annihile les sentiments et les sensations ; un peu de 1984, mais on va être subtils sur ce coup, au lieu que le grand big boss s'appelle Big Brother, on va l'appeler Father. Subtil, je vous ai dit.
Bien sûr il y a aussi les fights à la Matrix, trèès important, n'est-ce pas ? Ça donne le ton.
Bon mais ensuite, quoi, hein ? Trop bien, on va avoir des rebelles, une résistance. Et vous savez quoi ? ces gens qui, eux, éprouvent encore des sentiments, ils écoutent des vinyles, en 2070 ! Parce que tu comprends, le vinyle, c'est plus chaleureux, y a un grain, une âme. Aah, oui, aussi très important, quand on brûle un tableau, pour bien faire comprendre au spectateur, qui a besoin, nous le savons, qu'on lui explique tout, on brûle quoi ? La Joconde ! mais oui ! pas un tableau d'un inconnu, le clou du spectacle du Louvres. É-vi-dem-ment ! Au cas où on aurait pas compris que c'était UN CRIME CONTRE L'HUMMANITÉ ! Subtil.
Et puis, bien sûr, donc le héros, il fait partie au début de la super police qui chasse les rebelles qui ne veulent pas prendre la drogue. Carrément il butte son collègue qui a volé et gardé pour lui un recueil de Yeats ! Il y a de jolis dialogues entre eux, que Preston répétera d'ailleurs à son nouveau collègue (joué par Taye Diggs, ou Jackson Dooper dans Ally Mc Beal. Ici, il joue exactement le même personnage) au moment où lui même commence à passer du côté des rebelles. Oh, pour la subtilité et les sentiments on va lui faire garder en tête les vers de Yeats que son pote lui a lu, avant qu'il lui tire dessus.
On va aussi mettre, à un moment, un petit chiot, avec des grands yeux qui regardera le héros et jappera tandis que les autres super flics lui diront, ouh, les méchants ! de butter ce sale animal.
Et puis, comme si le coup du vinyle ne suffisait pas, les rebelles ils vont être barbus, avec des barbes et même, ils auront des têtes de mexicains. Ça fera bien. Y aura de la conscience politique, là-dedans. Trop fort.
Mais aussi et surtout, il va y avoir une histoire d'amour. Et ça c'est capital à double raison : parce que avec les sentiments, il y a l'amour. Et aussi parce que la jolie Emily Watson, elle va servir à un élément clef de TOUT le film. C'est elle qui transmet le message que Kurt veux nous faire passer depuis le début : cette société sans sentiments, même si elle évite la guerre et la haine, ben c'est mal. C'est trop nul. Emily, elle le dit dans cette belle tirade mémorable : "Pourquoi vivez-vous, Preston ? À quoi bon vivre, si vous ne pouvez pas aimer, ressentir, pleurer... Quel est votre but ?"
Faut aussi parler du final : déjà, on va mettre une révélation (ça, les révélations, depuis Matrix, Fight Club, M. Night Shaymalalamalan, c'est super top, ça épate le spectateur). Et donc, on découvre, à la fin du film, qu'en fait, Father, il est mort depuis super longtemps ! et qu'en fait c'est truc, là le grand chef de Preston qui manipule tout. Et même Jackson Dooper est dans le coup, lui aussi ! C'est là que ça pourrait se permettre d'être subtil. Preston, qui pour pouvoir rencontrer en personne Father (qu'on ne rencontre pas autrement), a dû sacrifier et vendre (avec leur accord, pour la cause), ses nouveaux amis les rebelles. Devenu un héros de la nation, il doit alors rencontrer Father, pour être décoré. C'est là qu'il compte le tuer et libérer tout le monde. Sauf que le faux Father et Jackson Dooper on manigancé tout depuis le début, ils l'ont piégé ! Ça pourrait finir là. Preston, serait exécuté, les rebelles sacrifiés pour rien. Mais non, parce que Christian Bale / Preston il est, on l'a vu dès le début du film, trop fort, et wah, yah ! il saute dans tout les sens (Matrix !) et il tue tous les méchants à lui seul ! Puis y a un combat final contre Jackson. Puis il tue le vilain. Et voilà, il a libéré le monde. Là on cale une image de la fille de Preston, avec le chiot vu plus tôt dans le film. Trop beau.
Vous l'aurez compris, 3 des 7 points que j'ai mis au film, sont pour la bonne poilade qu'on s'est tapé avec Ineta, hier soir, en mangeant de la pizza.

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le 22 nov. 2010

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colville

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