La sortie imminente du remake d'Evil Dead m'a poussé à bien évidemment regarder son ancêtre. Étant donné qu'il à été en plus réalisé par Sam Raimi que j'affectionne tout particulièrement, je ne pouvait qu'apprécier quand on voit les qualités loufoques et horrifiques de son Drag Me To Hell qui, encore aujourd'hui, dispose à mon sens de l'une des meilleures fins de film possibles.
Je savait à quoi m'attendre dans le registre scénaristique. Un jeune réalisateur, qui plus est de vingt ans, n'est pas nécessairement bon scénariste à moins d'avoir une pointe de génie. Tout au plus, il aura quelques références à placer de ci de là dans son histoire, c'est pourquoi il est regrettable que tant de personnes aujourd'hui massacrent littéralement Evil Dead pour son scénario inexistant et empruntant aux plus grands classiques des films de zombies. A vrai dire Sam Raimi sachant très bien qu'il n'aurait pas de quoi constituer une trame solide ou mémorable, il à préféré mettre directement les choses en place. Pas d'introduction inutile nous expliquant pourquoi ces jeunes vont dans un bois pour passer le weekend ou de légendes inutiles (à part l'habituel scientifique qui à fait une découverte), on rentre direct dans le feu de l'action afin de poser constamment cette ambiance foutraque et nerveuse. La caméra bouge beaucoup, les mouvements sont maitrisés et permettent de rythmer des scènes de vie absentes ou presque de texte. D'ailleurs on sent bien les non-qualités de scénariste de Raimi étant donné que dès qu'un dialogue est entrepris, il est cassé par un évènement inquiétant.
The Evil Dead fonctionne par son instantanéité, ou tout va très vite sans que le spectateur ait le temps de se demander ce qu'il se passe. Il ne peut que suivre le courant et sera donc constamment sous tension malgré qu'on connaisse (surtout aujourd'hui) les mécaniques du genre. Les choses tourneront vite au désastre pour que Raimi puisse enfin exprimer son goût de la démesure, du n'importe quoi et du gore. La première scène "gore" étant à la fois vicieuse, drôle et répugnante. C'est à ce moment qu'on comprend que The Evil Dead ne s'exprimera que de cette façon, à travers des situations grotesques tournant chaque action entreprise par les protagonistes au ridicule. Ils font des choix idiots, mettent trois ans à réagir à ce qu'il se passe en face d'eux et se font trainer dans la boue par des zombies idiots qui ne cherchent parfois même pas à les attaquer.
Servi par un casting très amateur, seul Bruce "Ash" Campbell se démarque et sera absolument pris dans tous les sens par les divers monstres et évènement qui lui tomberont sur le coin de l’œil. Servi par une réalisation brouillonne mais hyper maitrisée pour un premier long, Raimi nous propose parfois de vrais fulgurances visuelles qui augmente ce stress déjà présent. Si bien que même aujourd'hui, j'ai réussi à me faire surprendre de temps à autre. Mais c'est surtout son aspect gore, cette profusion de sang et ce dégoût qui m'ont charmé. Oui, il y a quelque chose de drôle à voir un cadavre décomposé cracher du lait, du sang et ses boyaux en même temps. J'étais même plié en deux lors de cette scène ou Ash enterre sa copine avant de la décapiter, son corps sans tête lui faisant l'amour tandis qu'il lui gicle tout son sang au visage. Et ce n'est pas la scène de fin en stop-motion certes vieillissante, mais très drôle, qui me fera changer d'avis.
The Evil Dead est génial parce qu'il se fout des codes du genre, il veut juste proposer à son spectateur un film festif et angoissant. Son rythme incessant et ses scènes sous pression nous prennent littéralement aux tripes et ses scènes humoristiques dégoutantes nous font rire pour mieux libérer notre tension. A quoi bon qu'il soit mal interprété ? A quoi bon qu'il soit mal écrit ? The Evil Dead c'est un film de passionné, créé avec plaisir et rigolade. Et tant pis pour les autres.