1982 : le public dissipé du Festival du Film Fantastique au Grand Rex à Paris fait une ovation à un petit film d’horreur américain même pas encore sorti aux USA : Evil dead. Sam Raimi le très jeune réalisateur ne se doute pas alors de l’impact mondial que produira son petit film.

2013 : Evil Dead est toujours un cult-movie, et son remake sorti la semaine dernière, coécrit et produit par le même Sam Raimi, mais réalisé celui-là par Fede Alvarez est une belle occasion de réviser ce classique du cinéma gore.

Un petit groupe de djeuns part en week-end à la campagne. Ils découvrent dans la cabane où ils pensent passer du bon temps, un livre bien étrange recouvert de peau humaine : c’est le Livre des morts...

Encore jeunes lycéens, Sam Raimi et Bruce Campbell réalisent des films super 8. Quelques années plus tard, ils s’associent à Bruce Tapert et crée, avec un certains succès, Renaissance Picture. Les films d’horreur devenant à la mode grâce au succès phénoménal de Halloween de John Carpenter, l’idée d’un long métrage en 16mm voit le jour. Sam Raimi peaufine un premier scénario : The Book of Dead. Il pense à Tom Sullivan, un ancien camarade de classe, pour la conception des SPFX (effets spéciaux pour les initiés). La petit équipe de tournage fraîchement constituée et moins de 300 000 dollars collectés, l’aventure Evil Dead peut commencer.

C’est un tournage difficile qui s’achèvera onze semaines plus tard et sans aucune interruption.
L’équipe se retrouve isolée au fin fond du Tennessee dans une cabane sans eau ni électricité. Les SPFX vont être créés sur place ce qui va donner une tension permanente dans l’équipe, tension bénéfique à l’atmosphère glauque du film. La ténacité et la spontanéité de ces cinéastes quasi amateurs va permettre des prouesses techniques pourtant difficilement possible avec si peu de moyen. Ainsi les fameuses scènes de travelling seront réalisées grâce à une simple poutrelle métallique maintenue par deux hommes à chaque extrémité ! Une moto lancée à vive allure par Sam Raimi lui-même a été aussi souvent mise à contribution.
Cette fluidité de la caméra est un bel hommage à John Carpenter et renforce l’impression d’être entraîné dans les remous d’un cauchemar sans fin. La douleur physique de l’équipe de tournage se ressent sur chaque visage des personnages. Le jeu des acteurs est d’ailleurs à la limite du Grand-Guignol (Genre très apprécié par Sam Raimi) : les corps, les traits du visage sont dans un état de crispation extrême. C’est une chute brutale vers l’hystérie.

Evil Dead étant à l’origine destiné à un public restreint (celui des Drive-In), les SPFX ont pu être réalisés dans la liberté la plus totale, ce qui n’a pas été le cas sur Evil Dead 2 et 3. Ainsi les scènes gores se succèdent sans répit. Pourtant, entre deux membres arrachés ou têtes décapitées, on décèle une touche de surréalisme apaisante : par exemple dans la scène dite du "Miroir" où Bruce Campbell sur le point de sombrer dans la folie, interroge son image, mais lorsqu’il avance la main vers le miroir, son image se déforme. (Quand on sait que c’est une simple bassine remplie d’eau qui a fait office de miroir, on comprend l’ingéniosité de l’équipe !).
L’utilisation massive du latex et du stop motion (animation en volume) est présente dans presque tout le film, ainsi le grain si particulier de la pellicule 16mm accentue le côté brute et réaliste du film.
La bande-son dans Evil Dead est de même très présente (comme dans tout bon film d’horreur) et le "grincement" permanent (on retrouve cet effet dans Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper), achève l’inconfort du spectateur.

Evil Dead... ou l’Hystérie mise en image.

Créée

le 11 mai 2013

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