Il y a deux ans presque jour pour jour, Stallone donnait vie à un fantasme absolu de cinéphile déviant : la rencontre au sommet des légendes de la castagne dans un seul et même film ! C'était laid, c'était con mais qu'est ce que c'était bon ! En cette année 2012, propice à l'esprit d'équipe (Avengers), l'équipe des gros bras revient quasiment au complet (sauf les morts, Rourke qui est absent et Jet Li dans un quasi-caméo), se dote de quatre nouvelles recrues et sort de nouveau les grosses pétoires pour sauver le monde...en dézinguant des populations entières (sic).
Bienvenue dans le monde de l'über-suite Expendables 2 – Unité spéciale !
Il y a toujours deux manières d'appréhender un film. La manière objective consiste à juger la qualité de fabrication de ce dernier, ce qui le constitue en tant qu'objet film et le rend singulier sur un plan purement technique, thématique et structurel. Et puis il y a la manière subjective qui s'appuie sur les émotions que le film parvient à éveiller en nous. Quand un film arrive à satisfaire sur les deux plans, c'est généralement un pari gagné. Le cas qui nous intéresse aujourd'hui tient à un exemple bien particulier, la subjectivité l'emportant totalement sur l'objectivité !
Ainsi, si il fallait être objectif, on dirait qu'Expendables 2 est un gros film de bourrin décérébré au scénario prétexte, bourré de clichés et complétement con. Et en effet Expendables 2 est un gros film de bourrin décérébré au scénario prétexte, bourré de clichés et complétement con mais putain, c'est vraiment trop de la balle !
Réalisé par le yes-man Simon West, qui livra autrefois ce guilty-pleasure absolu nommé Les ailes de l'enfer, Expendables 2 – Unité spéciale reprend tous les aspects qui ont fait le succès du premier volet, enlève tout ce qui ne marchait pas, monte les potards à 12 et décide d'adopter la logique du plus ! Plus fun, plus drôle, plus cool, plus spectaculaire, cette suite explose complétement son prédécesseur en livrant une version réhaussée du premier opus. Il y a bien toujours des SFX un peu honteux (Nu Image...), une photo granuleuse et des faux raccords mais, paradoxalement, cette seconde mouture est aussi plus équilibrée, plus folle et mieux réalisée ce qui ne gâche rien au plaisir des retrouvailles.
Alors soyons clairs, le propos est toujours de défourailler un max dans un délire pyrotechnique total, un bodycount affolant et une connerie maximale. Mais bon dieu, ce que ce film le fait bien ! Déluge de balles, de brutalité testostéronée, de punchlines bien Z, Expendables 2 entend surpasser constamment la dernière demi-heure, déjà pas piqué des hannetons, du premier volet. Et à ce petit jeu, l'introduction survitaminée au Népal suffit déjà à emporter l'adhésion en confirmant l'action délirante (et souvent improbable) et la violence de comic-book qui anime ce pur morceau d'entertainment. Mais le fun ne s'arrête pas là !
Car ce qui place Expendables 2 – Unité spéciale plus haut qu'une partie de la concurrence, c'est l'extrème conscience de sa nature profonde. Le projet Expendables, depuis le début, à été conçu comme un cadeau offert aux fans de grosse baston qui tache. La réunion de toutes ces gueules burinées, connues ou moins connues, n'a pas d'autre but qu'offrir un ride d'action débilitante à tous les spectateurs qui ont suivis ces icônes du bourre-pif (et souvent sur des terrains pas glorieux). C'est cette honnêteté, cette intégrité qui rend la saga sympathique car en restant à sa place, en offrant du fan-service à tous les étages, les Expendables ne pétent pas plus haut que leur cul et remplissent leur mission au maximum.
De plus, l'auto-dérision complète de ces mastodontes offre un parallèle méta hilarant entre les interprètes et leurs alter-egos bourrins. Références à leur passé (cinématographique ou pas), à leur statut de légende geek (Chuck Norris) ou simplement boutades entre eux, les Expendables sont encore et toujours des rivaux complices et les voir se tirer la bourre est un plaisir exquis. Hyper-charismatiques, ces armoires à glaces s'éclatent (Van Damme en tête en méchant archetypal et cinglé) et nous éclate comme trop rarement ces dernières années. Ce all-star cast révé (dans lequel Willis et Schwarzie dézinguent aussi) offre un deuxième épisode qui, en misant sur la surenchère, enterre son prédécesseur et remporte haut la main son pari d'imposer les Musclor comme icônes post-modernes incontournables.
Dans cet été moribond, ce summer-movie idéal tient toutes ces promesses et s'impose sans discussions comme le film le plus fun de 2012 ! Vivement le 3 !