Il y a 10 ans Fast and Furious c'était ce film de courses nocturnes où le vainqueur emportait la voiture du perdant, son honneur et sa nana, où le départ était donné par une minette en jupe qui agitait un mouchoir, où il fallait utiliser la nitro avec escient pour ne pas se voir distancer dans les tout derniers mètres.


Fast and furious c'était même l'expression d'une certaine forme de rébellion à travers ses courses clandestines, le monde de la nuit et des règles qui leur incombent. C'était aussi l'histoire du flic aux cheveux gras qui passe du mauvais (bon) côté de la force, les prières païennes de Dom, les néons qui transpercent à travers les pare-chocs tunés, l'Eclipse verte de Bryan et son "Fait chier !" légendaire.


14 années et 7 épisodes plus tard, je dois bien avouer que malgré tous les torts que je puisse trouver à la série, le plaisir (coupable) est toujours là. Je sais pas pourquoi mais moi le charisme muet de Dom et ses éternelles diatribes sur la famille, ça me flanque toujours un sourire béat sur la bouche... Bien sûr la nouvelle direction qu’a prise la saga depuis 3 ou 4 épisodes, c’est-à-dire d’orienter nettement les films vers l’action aux dépens des courses de rue, m’attriste un peu. Et le parti pris de ne pas s’embarrasser de quelques vraisemblances que ce soit, ni même d’une structure scénaristique passable rapprochent Fast and Furious d’autres n'importe-quoi movies, Expendables et Avengers en tête.
Mais quoi qu’on en dise, il y a toujours eu, dans Fast and Furious, une certaine franchise, une bonhomie sincère qui surnageait au-dessus de la relative gaucherie de l’ensemble.


Ne nous nous y trompons pas cependant, Fast and Furious 7 est un film mauvais à bien des égards. Les scènes d’actions, qui occupent une très grande partie des 2h20 que durent le film, sont souvent surdécoupées, filmées de façon audacieuse certes, avec une caméra qui se renverse en même temps que les personnages se battent, mais qui finit par donner la nausée, la 3D n’aidant pas. L’artifice qui constitue la clé de voûte du film, le God’s Eye, est tellement puissant qu’il annihile toute tentative de vraisemblance du scénario. C’est sans doute là son but. Mais c’est aussi le départ donné à toutes sortes de scènes abracadabrantesques où les lois de la gravité n’existent plus, où les duels se règlent en collision frontale à 150 km/h, où l’on peut chuter de plusieurs étages et se relever, indemne. Ce qui n’est d'ailleurs pas sans une certaine ironie quand on sait dans quelles circonstances est mort l’acteur principal. Bref, on en est plus à une bêtise près...


Il reste qu'on voit arriver la fin avec soulagement et par un effet d’échelle inattendu, l’hommage rendu à l’acteur décédé, tout en modération et sobriété, apparaît presque comme réussi. En plus d’être une conclusion logique et exorcisante pour ma part.
Il était temps que ça s’arrête de toutes façons.

Factory
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le 6 avr. 2015

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