Lion d'or 2011 très attendu, le Faust de Sokourov, projet très ambitieux, n'a pas déçu !
Dès le premier plan on est éblouie par autant de beauté, ce miroir volant dans le ciel dans une image lisse aux couleurs significatives annonce un film qui nous en mettra plein les yeux. La rencontre de Bruno Delbonnel (directeur de photo d'Amélie Poulain, Harry Potter 6 etc...) et d'Alexandre Sokourov (réalisateur de films à la photo époustouflante comme L'Arche russe) a fait des miracles. Faust, des images magnifiques aux couleurs délavés qui participent pleinement à la mise en scène, est un bonheur pour les yeux. Du début à la fin.
Réserve peut-être pour les amateurs de Goethe dont le film en est une LIBRE adaptation de son chef d'oeuvre. En effet, Sokourov s'en est très éloigné. Ici Méphistophélès est un vieil usurier au corps infâme avec un sexe d'enfant au dessus des fesses, Wagner un homme bête, Faust semble n'être qu'un piètre médecin et n'a aucun désir de jeunesse (on est loin du Faust de Murnau). Ici pas de ballade volante au dessus du village de Marguerite mais une action enfermée dans cette petite cité. Tandis que le pacte avec le "diable", il n'arrive qu'à la toute fin.
Sokourov a eu le mérite de se détacher de l'oeuvre de Goethe pour s'approprier la légende et créer son Docteur Faust. Il s'en tire avec les honneurs pour, au final, un très beau résultat pour un film très ambitieux.