Frankenweenie
6.6
Frankenweenie

Long-métrage d'animation de Tim Burton (2012)

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Cela fait déjà plusieurs années que Tim Burton ne surprend plus, qu’il recycle une formule toute faite et assez indigeste à force de réchauffage. Même Dark Shadows n’avait pas su complètement convaincre tout en restant un honnête divertissement d’été. Alors quid de Frankenweenie, seul domaine où Burton n’a jamais déçu ? Faut-il croire dans le remake de l’un de ses premiers courts-métrages, comme un retour aux origines et à l’indépendance, à la fraîcheur caractéristiques des débuts du réalisateur ?

La réponse est simple : oui. Frankenweenie ressasse tous les thèmes fétiches du réalisateur, qui depuis quelques temps s’en servait surtout comme gagne pain sans grande valeur ajoutée et les explore de fond en comble pour tirer ce qu’il y a de mieux de l’esprit du banlieusard un peu freaks californien. La différence, la mise à l’écart, l’imagination et les films d’horreur de série B (à Z), les personnages écervelés d’adultes sans cœur, les enfants rêveurs, l’incompréhension… sont autant de sujets qui sont regroupés, habilement, dans Frankenweenie.

Victor est clairement un autoportrait de Tim Burton, le côté savant fou en moins. Il ne s’intègre pas et adore par-dessus tout son chien. Quand celui-ci se fait tuer (par un adulte en automobile), il décide de le ramener à la vie. A la manière d’Edward – son chef-d’œuvre – Tim Burton va étudier les comportements extravagants du quartier jusqu’à la découverte de(s) créatures et chacun va d’une manière ou d’une autre mal réagir : certains vont chercher à en tirer profit quand d’autres vont simplement vouloir détruire ce qu’ils ne veulent pas comprendre.

Du reste, peut-être que l’animation joue un rôle important dans le renouveau du cinéaste puisqu’on ne voit pas à l’écran les sempiternels mêmes acteurs. Et si côté musique, on retrouve Danny Elfman, on ne peut que se délecter tant sa partition sert le film admirablement. Le tout fait penser à une série B de télé et le résultat est appréciable : la noir et blanc donne ce petit côté rétro qui rappelle bien des choses et le design des personnages un brin de folie nécessaire à la création de cet univers un peu déjanté.

La cruauté côtoie l’innocence et on s’amuse à reprendre goût à un univers qu’on pensait connaître sur le bout des doigts. Si les rebondissements sont tout à fait prévisibles et les caractères fidèles à ce qu’on a l’habitude de voir, on reprend un malin plaisir devant un spectacle d’animation éblouissant. Le happy-end est somme toute peu conventionnel et on aurait pu s’attendre à une acceptation pure et simple de la mort, comme si Tim Burton ne voulait plus céder au système bien pensant de la machine que représente Disney.

D’ailleurs, Tim Burton n’est peut-être pas tout à fait fini même si l’œuvre somme que représente Frankenweenie ne permet pas d’avoir une vision claire de l’avenir de la filmographie du réalisateur. Comment faire pour préserver le niveau retrouvé sans tomber dans la redite, comme avec ses précédents films ? Peut-être faudra-t-il de sérieux changements de casting (mais on n’y croit pas) ou bien simplement réussir à trouver de nouvelles pistes comme avec Big Fish (qui n’explorait pas le côté gothique bien trop présent dans d’autres films) ? Toujours est-il que pour le moment, Tim Burton reprend du poil de la bête, pour notre plus grand bonheur et qu’on ne peut que s’en réjouir.
Carlit0
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le 22 janv. 2013

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