Les monstres d'hier sont revenus
Tim Burton ne sait pas raconter d'histoires. Il a de bonnes idées, mais il ne sait pas les combiner, les arranger, les mettre en forme pour délecter. C'est juste un amas d'idées (trop d'idées, comme s'il ne savait pas se remettre en question, ni choisir) sympas qui circulent chaotiquement dans une histoire déjà trop longue.
Frankenweenie le court métrage n'était pas un chef d'oeuvre, mais fonctionnait plutôt bien et ne nécessitait pas de prolongement. Tim le prouve puisqu'au-delà du 'remake' de ces 30 minutes, il n'apporte rien de neuf à cette intrigue et va en chercher d'autres. Trop d'idées je le redis! Tim nous brosse le portrait d'un méchant bien Disney (le maire) mais le délaisse aussi vite pour nous présenter d'autres méchants. De temps en temps on nous rappelle que le chien existe, mais on aurait franchement pu se passer de sa présence. Puis les références aux films d'horreur et autres séries B fusent dans tous les sens, mais Tim n'en fait rien de bien extra, à part étaler une histoire de goûts. D'accords c'est amusant de reconnaître des lieux ou des personnages... mais le problème c'est que c'est gratuit, et que ça ne sert pas vraiment la narration qui elle, ne va nulle part! Alors bien sûr, quand il n'y a pas de rigueur dans ce type de construction, les résolutions ne peuvent être que du grand n'importe quoi (Burton, en même temps, nous a habitué à cette manière de faire dès ses débuts avec Beetlejuice, un scénario très mal construit).
Il ne reste donc que le visuel pour trouver du plaisir. L'univers n'est malheureusement pas intéressant ni cohérent (pourquoi autant de gosses gothiques marginaux quand les parents sont tous des bobos normaux), mais certaines figurines sont sympathiques. Les références, toujours trop présentes, amusent (chaque gosse représente une créature mythique) puis parfois ennuient (surtout quand le cinéaste s'autoréférencie). Reste Frankenweenie dont j'attendais une personnalisation plus originale. Clairement Burton s'y essaie, à la Disney de l'anien temps en plus, avec des mouvements presque dignes des animaux se dandinant dans Bambi ou les Aristochats... sauf que le mouvement n'est pas aussi réaliste que les dessinateurs l'auraient voulu. Peut être que la méthode en 3D(sculpture) empêche de parfaitement imiter les gestes d'un animal (au contraire du dessin sur papier ou sur ordi, même en 3D) ou peut être tout simplement parce que Burton ne s'est pas assez documenté? Reste à parler de la musique... il faudrait que quelqu'un abatte Danny Elfman. Le bougre bouffe tout le film avec sa musique peu subtile et envahissante. Il n'y a pas un plan sans sa présence. C'est horrible. Mais le plus horrible c'est de constater que le bonhomme ne parvient pas à se renouveler, au point que certains morceaux semblent être des copiés collés de ses autres score... C'est franchement triste ... et agaçant à entendre!
Bref, Frankenweenie se regarde, il y a quelques bons gags, et puis la technique du stop motion parvient toujours à séduire, même lorsque des effets numériques viennent faciliter la tâche, mais le scénario ne va nulle part, comme si Burton ne savait, à aucun moment de la production, de quoi il voulait vraiment parler et pourquoi il remakait son propre film...