En ce mercredi, les sorties ne sont pas très enthousiasmantes. Certes, Clash est susceptible de me surprendre, alors que War Dogs, voir Victoria, ne me motive pas des masses et Mr Ove n'est diffusé que dans des salles underground où les sièges sont susceptibles de me refiler le tétanos, voir le sida à cause d'une seringue égarée où de me retrouver assis sur un mollard, voir du foutre. Puis, il y a ce film avec Matthew McConaughey dont je ne sais strictement rien, sauf qu'il dure 2h19 et que j'ai largement le temps de le caser dans mon agenda bien calme avec le retour de la pluie sur paris.


"Ce film est inspiré d'une histoire vraie", comme la plupart des films américains, sauf ceux avec des super-héros en collants moulants et gênants. L'introduction est crûe, avec un visage perforé, puis une jambe sciée et du sang recouvrant le sol en bois d'une infirmerie de fortune sur un champ de bataille en pleine guerre de sécession. Au milieu des cadavres, Newton Knight (Matthew McConaughey) transporte un soldat blessé et le fait passer pour un gradé afin qu'on lui prodigue rapidement des soins. C'est un confédéré, ce qui provoque un léger malaise en me demandant si on va nous conter l'histoire d'un héros approuvant l'esclavage. Mes doutes seront vite effacés, même si c'est à nouveau un homme blanc qui sauve les hommes noirs, pas que cela soit dérangeant dans la mesure où l'histoire est véridique, mais plutôt parce que cela conforte le fait que sans l'aide du blanc, le noir ne peut pas s'en sortir, mais ceci est un autre débat.


L'histoire de Newton Knight est intéressante. Après le décès de son jeune neveu, réquisitionné par les confédérés. Il décide de ramener sa dépouille à sa mère, un acte qui fait de lui un déserteur et met en péril sa vie. Mais face à cette armée qui prend tout les biens des paysans pour nourrir ses soldats, il décide de devenir le protecteur des opprimés et va s'allier avec des esclaves noirs, ce qui est un fait exceptionnel dans un sud profondément raciste, même de nos jours. En parallèle, on suit un procès qui a lieu 85 ans plus tard, où un descendant de ce personnage historique est jugé pour s'être marié avec une femme blanche, alors que le mariage interraciale est interdit, car cet homme d'apparence blanc a en lui 1/8 de sang noir, ce qui fait de lui un homme noir. C'est ce qui rend ce film intéressant, apprendre un peu de l'histoire de cette belle Amérique à travers le prisme hollywoodien.


Free State of Jones, c'est surtout un immense gâchis. L'histoire est méconnue, mais son traitement est trop scolaire, tout en manquant du souffle épique pour rendre la fresque passionnante. Sa première partie est captivante. On découvre la situation des femmes devant s'occuper seules de leurs fermes, tout en prenant soin de leurs enfants et se trouvant démunies face aux confédérés venant se servir dans leurs récoltes et biens. Mais c'est surtout l'évocation de l'esclavage où l'homme noir est considéré comme un objet et non comme un être humain, qui semble intéressant. Newton Knight va se rapprocher d'eux, après qu'une femme noire sauve son fils, puis qu'il soit aider dans sa fuite par des hommes noirs, d'anciens esclaves ayant fuit les plantations où ils sont traités encore moins bien que des animaux. Une suite d’événements qui vont lui ouvrir les yeux et surtout l'esprit, sur la situation de chacun.


Le film se disperse en cours de route et ne prend pas le temps de développer les nombreux thèmes qu'il aborde. Il en devient confus et souffre de nombreuses longueurs. Pourtant, il y avait vraiment des sujets intéressants, avec ce personnage se découvrant une âme de Robin des Bois en se révoltant contre les riches qui asservissent les pauvres, tout en ne considérant pas l'homme noir comme un être humain. L'affranchissement de ceux-ci, puis les lois remettant en cause leurs libertés, tout comme les manipulations électorales pour ne pas leur donner une existence dans la politique de leurs villes, états et pays. La découverte de l'apprentissage, permettant de prendre un enfant noir et d'en faire un esclave, même contre l'avis de ses parents affranchis. Une injustice de plus dans un système voulant à tout prix les empêcher d'exister. Enfin, il y a cette alliance entre les hommes noirs et blancs, un fait rare à l'époque, même si certains ont encore du mal à accepter leurs présences et que cela soit leurs égaux. Ce n'est pas évident de changer les mentalités et le film démontre que même 85 ans plus tard, les esprits ont du mal à accepter ce fait. C'est toujours le cas de nos jours, comme on peut malheureusement s'en rendre compte avec des hommes noirs assassinés par des policiers blancs....


Matthew McConaughey fait du Matthew McConaughey. Depuis la superbe saison 1 de True Detective, il semble jouer le même personnage, tel Jack Nicholson après Shining où plus récemment Robert Downey Jr avec Iron Man. Certes, il est moins dans la caricature mais ne semble plus avoir la capacité de nous surprendre et surtout, il interprète souvent un homme du sud des états-unis, comme s'il était resté coincer dans un rôle et ne peut plus en sortir. Le supporting cast est surtout composé d'acteurs provenant de séries télévisées. Mahershala Ali est celui qui tire son épingle du jeu. On a pu l'apercevoir dans TreméHouse of Cards, des séries exigeantes à la hauteur de son talent. Keri Russell ne fait qu’apparaître, mais depuis son retour dans l'excellent The Americans, c'est toujours un plaisir de la retrouver. Il en va de même avec Sean Bridgers qui est à contre-emploi, bien loin de ses rôles dérangeants comme dans RectifyRoom. Enfin, Gugu Mbatha-Raw continue de se faire remarquer après sa prestation convaincante face à Will Smith dans Seul contre tous. Ils ont chacun le mérite d'exister malgré la présence envahissante de Matthew.


L'histoire avait potentiellement la capacité de nous offrir une grande fresque émouvante, mais Gary Ross se contente de réciter ses gammes, sans jamais dévier du cahier des charges, tout en s'éparpillant dans trop de directions différentes et c'est vraiment dommage, le film méritait un meilleur traitement cinématographique et historique.

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le 15 sept. 2016

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Laurent Doe

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