If you can't make love, sell it. The respectable kind, of course. The married kind.
Premier film "Rated-R" du maître du suspense, Frenzy est un retour réussi pour un Hitchcock en fin de carrière à ses premières amours, le film noir et à suspense. Délaissant le politique (Le Rideau Déchiré) et le fantastique (Les Oiseaux), ce bon vieil Alfred pose sa caméra en plein Covent Garden, et capte l'esprit paradoxal de Londres à travers ses héros ; Jon Finch campe un ancien pilote d'élite de la RAF, qui vient de se faire virer et sans un sou en poche ; Barry Foster est un vendeur de fruits et légumes, prospérant dans les affaires mais pas en amour.
Si tout part d'un mystère autour d'un tueur en série, il se dissipe vite, et le spectateur connaissant l'identité du meurtrier, le travail d'Hitchcock est d'autant plus admirable, puisqu'il continue de susciter la sympathie.
Une ambiance londonienne excellemment bien retranscrite, par les pubs, les cabs, ou bien les rues, la pellicule transpire l'Angleterre ; Hitchcock montre à la fois la chaleur humaine des grandes villes, où l'on est jamais seul, mais aussi la détresse d'un homme entouré d'étrangers ; une sorte de puissance froide, glaçante, se dégage de certaines scènes, qui sont à mi-chemin entre l'humour noir et le réalisme brut.
Filmé d'une main de Maître (superbe plan où la caméra suit la victime et son futur assassin dans un escalier puis redescend jusque dans le vacarme de la rue, pendant que le meurtre se déroule derrière la porte fermée de l'appartement...) et parfaitement interprété, Frenzy n'est pas le plus connu des films d'Hitchcock mais vaut assurément le coup d'œil, tant le récit atteint une exagération telle qu'elle paraît tout à fait naturelle et raffinée.