Comme toujours avec Stanley Kubrick, c'est particulier... En tout cas, ça n'a rien à voir avec les "classiques" du genre.
Et comme souvent avec Stanley Kubrick, je ne saurais pas dire pourquoi, mais ça semble génial.
Je dis "ça semble", parce que c'est une espèce de sentiment impalpable vraiment caractéristique de ses films, au sujet desquels j'oscille toujours entre "'c'est d'une puissance intellectuelle rare !" et "on m'a dit que c'était génial, alors ça l'est" (sauf pour 2001... là c'est "on m'a dit que c'était génial... franchement, il devait être shooté le mec pour pondre un truc pareil"). Il est extrêmement désagréable d'avoir la demi-sensation d'aimer un film parce que d'autres le considèrent comme génial. Et pourtant, c'est un peu le cas ici.
Je vais cependant essayer d'étayer la thèse du génie.
Full Metal Jacket est un pamphlet virulent contre la guerre, et en particulier celle du Viêt-Nâm. Avec une ironie grinçante et cynique, notre bon Stanley tourne en dérision toute l'idéologie des "libérateurs" américains pour interroger sur les véritables raisons d'une guerre. De même est-on à la fois amusé, horrifié et apitoyé devant le spectacle de l'entraînement des Marines par le Sergent Instructeur Hartman, et le conditionnement psychologique des soldats, "born to kill".
Ce qui me gêne chez Kubrick, c'est qu'il n'y a jamais l'ombre d'un sentiment, l'effluve délicat d'une poésie quelconque. C'est froid, mécanique, artificiel, et, pourtant, intelligent.
Ca nous pose devant l'absurde, qu'il s'agisse du geste de Private Pyle (désolé, je ne connais ce film qu'en VO et je crois qu'il m'horripilerait de le voir en français), ou de la "duality of man" de Joker, ce sont des choses qu'on ne comprend pas, qui nous interpellent, et qui nous fascinent.
Depuis la première fois que j'ai vu ce film, j'ai une affection toute particulière pour Joker... pas pour l'homme en tant que tel, mais pour la création fictionnelle qu'il est.
Un condensé de paradoxes : violent et tête brûlée mais humain lorsqu'il prend Lawrence sous son aile. Chaleureux et jovial autant que froid à la fin du film.
Et cette scène finale, formidablement éloquente, avec la morale kubrickienne en voix off... ça ne donne pas de frissons, mais ça pose des questions. Et ça fait relativiser sur la vision parfois très manichéenne que nous pouvons avoir des choses.
Non, désolé, même après plusieurs lignes de critique, je peine encore à expliquer mon goût pour ce film.
C'est irrationnel.