God Bless America par Rvd-Slmr
L’idiot c’est toujours l’autre. Jeu de massacre jouissif, God Bless America réussit sa mission de divertissement sans pour autant échapper à sa condition de film bien américain : c’est un bon exemple d’exercice de contre-culturel rigolo, mais raté. Atterré par la bêtise de la télé et de ses effets sur les crétins qui compose son entourage, Frank part en croisade et extermine les rejetons les plus dégénérés de la télé-réalité. Problème, il lui aurait certainement suffit de débrancher une prise pour ne plus être abreuvé de ce flot de stupidité mais visiblement, même quand un Américain attaque la télé au vitriol, il reste incapable de l’éteindre.
Aidé d’une improbable ado en manque d’homicides, il se lance dans une grande purge où tous les abrutis qui troublent nos existences de gens quand même un peu supérieurs vont gouter de la sélection naturelle version 357 magnum. Après tout, qui n’a jamais rêvé d’un petit génocide de cassos? Vous savez, tous ces débiles qui regardent les mêmes émissions que vous mais qui n’ont pas la cervelle de les prendre au second degré. Quel beau rempart d’ailleurs de bon vieux second degré, ça nous sépare bien de la plèbe!
Voilà, le film reste totalement incapable d’assumer ses prémisses profondément fascistes ni son côté défouloir gratuit. Trop sûr de lui, le réalisateur Bobcat Goldthwait est incapable d’identifier les racines de son ras-le-bol et de son dégoût. Impossible alors d’échapper à une morale bancale pour masquer tout cela, impossible qu’au fond ce petit zigouillage en règle ne serve pas à terme à redresser cette pauvre Amérique malmenée malgré elle.
Mais si God Bless America est raté sur le fond, il n’est pas pour autant dépourvu de scènes merveilleuses comme son intro et fonctionne plutôt bien quand il ne cherche pas à se justifier. Pour une version hollywoodienne et acidulée de Seul contre tous et de C’est arrivé près de chez vous, c’est déjà pas mal.