Un film provocateur qui défoule !
Après «Juste Une Fois» (l’histoire d’une femme qui avoue à son fiancé avoir eu une relation sexuelle avec… un chien), Bob Goldthwait mise à nouveau sur le politiquement incorrect. Pour son troisième film, il raconte les péripéties de Frank Murdoch, chômeur de cinquante ans atteint d’une tumeur, qui décide de parcourir les États-Unis pour dézinguer ceux qu’il juge abrutissants pour la société : une jeune star de la télé réalité, un religieux extrémiste, etc. Dans son périple meurtrier, il fait équipe avec Roxy, une ado complètement déjantée.
«God Bless America» est loin du puritanisme américain et de la bien-pensance actuelle. Le réalisateur fait une satire de notre société en critiquant aussi bien les médias, que la télé qui lobotomise.
C’est une œuvre subversive purement jubilatoire, qui dépeint les vices de notre société actuelle, et le mal-être profond de ceux qui la subisse. Bourré d’humour noir et de répliques acides, ce film a pour but de choquer le spectateur, de le provoquer tout en lui faisant passer un message. On accepte la violence assez extrême infligée par les deux personnages principaux (incarnés à merveille par deux comédiens talentueux, dont Joël Murray, le frère de Bill) car le réalisateur parvient à la justifier. C’est à ce moment que le film atteint ses limites. Surtout lors d’une scène de massacre dans un cinéma qui n’est pas sans rappeler la fusillade dans le cinéma de Denver en 2012. Cette scène provoque donc un léger malaise, la fiction rejoint ici la réalité, et nous fait perdre un peu d’empathie envers les deux personnages principaux qui d’un coup deviennent bien trop réels. C’est le seul faux pas du film.
«God Bless America» pose donc de vraies questions et n’est pas qu’un simple divertissement. Sa force, c’est son ambiguïté constante qui oblige le spectateur à réfléchir sur lui-même, et sur la société dans laquelle il vit. Plus qu’un film qui incite à la violence, c’est un film qui nous permet d’extérioriser et d’assumer pendant 1h40 nos pulsions et nos fantasmes les plus noirs. Une œuvre osée qui pense tout haut ce que l’on pense tout bas. Un pur bijou du cinéma indépendant US réalisé et joué admirablement. Finalement, on a un film sociologiquement intéressant, drôle, émouvant, violent, qui fait réfléchir, et qui en prime défoule. Que demander de plus ?