Alors ça pour une surprise, c’est une surprise ! GOD BLESS AMERICA est l’exemple même du film dans lequel on se lance sans avoir lu la moindre chose dessus, sans même savoir de quoi ça cause, qui nous a attiré juste par quelques images sympathiques (un mec et une jeune fille armes à la main) glanées ci et là sur le net alors qu’on cherchait tout autre chose. En résulte un film politiquement incorrect, certes au propos un peu facile, mais au résultat vraiment bien troussé et jouissif. Explications.

Politiquement incorrect, GOD BLESS AMERICA l’est dès la première scène où notre « héros » Franck, qui n’en peut plus du bruit que font ses voisins, s’imagine rentrer chez eux fusil à pompe à la main et les dégommer sans pitié en commençant à bout portant par leur moutard d’à peine quelques mois qui passe son temps à crier, le tout dans une bien belle éclaboussure de sang version XXL. Le ton est donné et on sait directement que le spectacle auquel on va assister va être « différent ».
En gros, GOD BLESS AMERICA est une satire de la société américaine, et par extension de celle de bon nombre de pays (dont la France qui en prend également pour son grade), et tout le monde en prend pour son grade, principalement la télévision et toutes ces émissions débiles dont on nous abreuve. En gros, il n’y a plus que des programmes de merde à la télévision et c’est désespérant de voir comment les gens aiment ça et mangent cette merde. En vrac, en prennent pour leur grade la série Glee, la télé-réalité, les télé-crochets style American Idol, la famille Kardashian et bien d’autres. A noter un passage tout juste magique où les deux héros sont en grande discussions sur qui il faudrait éliminer en priorité et j’avoue avoir lâché un petit rire de jouissance lors du « On n’a qu’à descendre tous les fans de Twilight ! ». C’est tellement facile mais c’est tellement bon.
Il en est de même avec le milieu musical (je cite : « Fall Out Boy et Green Day, c’est de la pure merde ! ») ou encore internet et surtout les milliers de vidéos absolument inutiles qui sont ajoutées tous les jours parfois simplement pour se moquer de quelqu’un…

Le principal reproche qui pourra être fait au film et qui est tout à fait justifié, c’est que ce dernier enfonce quand même des portes ouvertes car cette « dénonciation » est il faut l’avouer relativement facile et engendre souvent des débats complètements stériles opposant ceux qui sont réfractaires à tout ce divertissement il est vrai très souvent gerbant (voir certaines émissions du câble…) et ceux qui pensent que c’est l’évolution qui est comme ça et qu’il faut vivre avec son temps. Mais il faut prendre ça au second degré car c’est pas tous les jours qu’un film ose assez aussi loin dans la provocation même si pas mal de choses clochent dans le film, à commencer par une Police quasi inexistante voir carrément incompétente qui n’arrive pas à trouver deux fuyards qui abattent plein de monde alors qu’ils sont filmés de partout.
Mais tout de même, ce duo improbable entre cet homme qui a franchi le point de non retour et cette jeune adolescente un peu excentrique fonctionne vraiment bien, grâce également à des dialogues aux petits oignons donnant droit à des répliques cinglantes et tout bonnement géniales. Ce duo rappelle d’ailleurs sur certains points celui du très sympathique film SUPER (2011) de James Gunn sorti 1 ans auparavant, notamment sur sa violence, sur par exemple l’attirance voire l’admiration de la jeune fille envers son « modèle » ou encore le fait qu’ils fassent justice eux même selon leur propre point de vue.

Sur le ton de la comédie matinée de road movie, Bobcat Goldthwait réalise avec GOD BLESS AMERICA un film frais, qui a certes la critique facile sur le sujet facile de tout ce qui est superficiel aux Etats Unis et dans notre monde en général, mais qui le fait avec tellement d’humour et de simplicité que ça en devient tout simplement excellent. A voir par contre absolument en VO car la VF risque de faire perdre pas mal d’intensité aux dialogues géniaux.
cherycok
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le 18 déc. 2012

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