Vu il y a si longtemps (je crois que c'est sur la 5 que je l'ai vu pour la dernière fois, c'est dire!), j'avais le souvenir d'un film léger, rigolo et jouant sur la mièvrerie des bluettes romantico-rock'n'roll. Je le retrouve aujourd'hui à peu près tel quel, peut-être plus ironique, un poil plus persifleur. Du moins ai-je envie de le croire.

En tout cas, j'ai pris énormément de plaisir. Devant l'extraordinaire outrance de la caricature.

Ce qui peut maintenant encore surprendre, c'est cette capacité que le film a de singer une époque, de façon grotesque parfois, tout en évitant un regard méchant dans la moquerie. Compliqué n'est-ce pas? Pourtant le film réussit la gageure de parodier avec une véritable affection pour ce temps de la banane et pour les personnages.

Pas sûr que l'histoire soit d'une importance fondamentale. Elle mêle à l'ordinaire adolescent et ses tourneboulis perpétuels au classicisme de la comédie musicale et romantique américaine.

Les propositions musicales de ce film ne sont pas habituellement ma tasse de thé, mais un ou deux morceaux finissent par sonner familièrement à mon oreille. C'est loin d'être désagréable d'être chatouillé de la sorte. Entraînante et gaie, la bande musicale est à l'image de l'esthétique générale mise en place, c'est à dire propre à la tradition de la comédie musicale : pleine de couleurs et de mouvements.

Peu de temps morts : dans le rythme, le film parvient à garder son spectateur captif de cette douce folie. Il n'en faudrait pas trop que le public se rende compte de l'hystérie ambiante, du ridicule de certains personnages. Mais non, ça passe comme une lettre à la poste.

Ça marche, on accepte volontiers toute cette farandole boutonneuse, où le mal-être adolescent règne en maître, le regard social titillant les égos mal foutus et la sexualité balbutiante tyrannisant l'entre-jambes de tout ce petit monde. Je comprendrais que certains aient même une sorte d'attendrissement pour ce film et se prennent d'affection pour les personnages. Sans doute beaucoup ont dû s'identifier plus ou moins. De toute façon, le plus important est bien cette dédramatisation des tares adolescentes qui prime et peut être ressentie comme un baume apaisant, ou du moins comme une petite bouffée d'air frais. Ce n'est pas méchant, bien au contraire. Léger clin d’œil, cette histoire se veut avant tout un divertissement. S'il peut aider à dégonfler les petits bobos de l'âme.

Voilà, j'ai trouvé ça sympathique, rigolo par son exubérance, ses caricatures et finalement très amical, festif et néanmoins très délicat. Bizarrement, cette farce semble accoucher d'une tendresse compatissante.
Alligator
6
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le 26 déc. 2012

Modifiée

le 14 mars 2014

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Alligator

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