On est loin des deux premiers films...
Loin d'être fan, à cause de beaucoup d'aspects enfantins qui me rebutent et de films très inégaux, l'univers d'Harry Potter me fascine assez pour gagner à mes yeux un peu de compréhension envers sa horde de fans, le buzz que toute cette franchise engendre et les sempiternelles règles du marketing. Bien loin des quatre premiers films qui n'étaient absolument pas pour moi, Harry Potter a su m'intéresser depuis l'Ordre du Phénix. Dirigés par le même réalisateur depuis, Daniel Radcliffe et sa bande nous transportent dans l'ultime aventure de J.K Rowling en deux parties au cinéma.
Noir, sanglant, psychologiquement bien plus intense que les précédentes histoires, cette première partie commence froidement avec une Hermione désespérée. Je ne vais rien spoiler, mais les enfants ont grandi et les situations aussi. J'aime ce travail de profondeur effectué sur des personnages qui n'en avaient aucune auparavant, les rendant plus humains que magiques et moins clichés. Désormais Harry Potter n'a pas toujours quelqu'un pour le sauver d'un mauvais pas, même si les situations s’enchaînent avec des "comme par hasard" obligatoires pour ce genre d'histoire. Mais si un personnage doit souffrir, l'auteur n'hésite plus à y aller franchement. Je comparerais un peu cela avec ce que faisait Josh Whedon dans Buffy, en commençant avec une série "cool & comique" pour finir avec une noirceur et une intensité psychologique assez incroyable. Aussi, les allégories entre magie et vie réelle sont nombreuses puisque magicien ou pas, un triangle amoureux probable reste un vrai dilemme. La chance qu'ont les lecteurs d'Harry Potter, c'est d'avoir des amourettes logiques et non pavées de bêtises marketing du genre "tout le monde couche avec tout le monde". Ici les couples sont logiques, intéressants et surtout si peu fleur bleue qu'on en demanderait presque davantage dans certaines scènes.
On ne voit pas assez Rogue. Voilà, j'ai trouvé un défaut scénaristique à cet épisode. Le reste m'a semblé si parfaitement maitrisé au niveau de l'écriture que je n'ai curieusement rien à détailler sur le sujet. Bien entendu, j'ai eu la chance de voir le film en VOSTFR et sincèrement, il n'y a pas photo : la VF est vraiment totalement naze. Comme toutes les VF mettant en scènes des enfants/adolescents. L'acteur qui joue Ron, qui m'avait déjà impressionné dans Petits Meurtres à l'Anglaise, est ici complètement génial. En VF, nul doute que ses qualités d'acteur seraient passées à la trappe. On rigolera par contre devant les trois poils au torse et le nombre de fois ou Daniel Radcliffe se déshabille : il a bien grandi, le jeune garçon de la Chambre des Secrets. Aucun acteur ne m'a paru nul, alors que c'était un peu la marque de fabrique de la saga dans ses premiers épisodes. Comme quoi les cours de théâtre payés par la Warner, ça fonctionne !
Mon seul bémol, gros défaut, véritable frein artistique à cet épisode, reste sa réalisation quelconque et l'aspect simpliste de son montage. Concrètement on n’est jamais étonné par certaines scènes et tout reste sur la même longueur d'onde. Aucune folie ni originalité ne vient intéresser le spectateur. Seule une histoire contée en dessin animé presque monochrome vient relancer le rythme. Mais même cette partie sera sujette à de houleuses discussions, à cause du style de dessin employé, principalement. Bref, on ne va pas voir Harry Potter et les Reliques de la Mort pour en prendre plein les yeux : au contraire. C'est avant tout un livre, forcément plus sympathique à lire qu'à regarder. C'est une simple, mais bonne adaptation qui se contente de nous narrer une histoire avec tellement d'effroi face au risque de se planter que pour atteindre son objectif, il s'agit d'y aller doucement, étape par étape, sans jamais rien révolutionner. Un film bateau finalement, qui ne gagne en splendeur que grâce à l'aura de la saga et à son scénario bien travaillé.
