Film honnête
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Nous sommes à moins d'un an des élections présidentielles, en pleine traversée d'une crise sociale sans fin et encore marqués par la menace sécuritaire qui plane sur tout l'Occident. La politique migratoire est et sera l'un des sujets brûlants qui accentueront les différences entre les futurs candidats. Avec Hope, toute première fiction d'un réalisateur issu du monde du documentaire, Boris Lojkine réussit le pari de s'emparer du sujet en occultant toute considération politico-idéologique.
Hope (Nigériane) et Léonard (Camerounais) ne se connaissent pas, ne parle pas la même langue, et pourtant ils vont se rapprocher dans cette traversée de l'extrême qui débute en plein désert, près de la frontière algérienne. Transfigurés en marchandises humanoïdes, nous les verrons déambuler dans le désert, entassés dans des camions et surtout martyrisés par leurs pairs.
Parce que oui, dans cette ruée ver l'or ce ne sont pas les vendeurs de pelles qui sortent leur épingle du jeu, mais les "chairmans;" ces dictateurs de zones de non-droit qui abusent de leur pouvoir pour assurer leur business lucratif sur le dos de ces desseins chimériques. Sous leur règne, le sort des femmes y est particulièrement glauque. Surnommées à juste titre "poules aux oeufs d'or", elles sont exploitées, violées et dépossédées de leurs enfants avant même le terme de leur naissance. Pour nos deux compagnons de route, les obstacles s'enchaînent et prennent parfois des allures mythiques. À l'image de ces barbelés hauts de 7m au Maroc qui nécessitent une "force terrible" et transcendantale pour être franchis.
Hope ne tente pas de justifier ni de légitimer le pourquoi qui anime les migrants : il débute simplement en plein désert sans préciser le background de ses protagonistes. Hope ne tente pas non plus d'apposer un regard critique sur la politique d'accueil de l'Europe : il s'achève en pleine mer Méditerranée, au large de l'Espagne. Nous suivons simplement deux migrants parcourant ce dangereux purgatoire. Il n'est ici pas question de courage, mais simplement d'une détermination aveuglante qui les pousse à "courir pour ne plus jamais mourir".
La frontière entre fiction et documentaire est mince et se révèle parfois bancale. Je pense notamment à cette fin tragique qui m'a donné l'impression d'ajouter inutilement du malheur dans le malheur. En fait, le film gagne en profondeur lorsqu'il présente les "épreuves" de manière brute. Le moindre "dérapage" larmoyant, fort heureusement peu nombreux, apparait vite comme une fausse note amoindrissant l'ampleur du message.
Hope ne brille pas par sa forme, mais a le mérite d'apporter un regard inédit sur une partie de la chaîne migratoire. Boris Lojkine alimente positivement le débat et parvient à livrer une oeuvre qui aura certainement une meilleure portée qu'un "simple" documentaire.
Créée
le 16 juin 2016
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