Appareils photos et carnets d'autographes brandis à bout de bras, la fébrile foule adolescente qui se pressait jeudi sur les Champs-Elysées n'avait rien à envier aux plus fervents fans de Harry Potter. Mais point de baguette magique sur le tapis rouge de cette projection-là : le sorcier à lunettes a définitivement quitté nos écrans l'an dernier et ses jeunes lecteurs se sont trouvé une nouvelle marotte, Hunger Games. Trois tomes d'une saga littéraire au succès foudroyant, dont le premier, paru en 2008 aux Etats-Unis, est transposé aujourd'hui au cinéma. Les 2 000 places de l'unique avant-première française en présence de l'équipe se sont arrachées en moins de deux heures et les préventes de billets aux Etats-Unis ont déjà explosé un record, précédemment détenu par Twilight.

Mais si l'on compare Hunger Games à la saga vampirique pour l'engouement suscité et son potentiel au box-office, le parallèle ne peut pas aller beaucoup plus loin. Politique et violente, l'intrigue d'Hunger Games est à mille lieues de la mièvrerie puritaine de Twilight, avec ses vampires végétariens qui scintillent et son héroïne mariée à la vie, à la mort et en cloque à 18 ans. Le rideau s'ouvre sur le District 12, le plus pauvre des départements qui découpent Panem, une Amérique du Nord post-apocalyptique et totalitaire, dévastée par une guerre nucléaire mondiale. Le gouvernement y contrôle son peuple par la terreur, en envoyant chaque année vingt-quatre de ses enfants s'entre-tuer dans de terribles «Jeux de la faim». Le bain de sang calme les velléités révolutionnaires des ouvriers affamés autant qu'il excite les citoyens privilégiés du Capitole, qui en suivent tous les rebondissements en direct à la télévision. Panem et circenses, disaient les Romains : du pain, des jeux, et tout le monde se tient tranquille.

(...)

Le pari du film consistait à suffisamment polir Hunger Games pour ne pas risquer pire qu'une classification «déconseillé au moins de 13 ans» aux Etats-Unis (lire page ci-contre) et au Royaume-Uni, sans toutefois trahir les fans, qui ne pardonneraient pas au film des images trop pudiques.

Le résultat est divertissant, compensant la violence censurée par moult effets spéciaux et scènes d'action bien rythmées. Mais il peine à traduire par l'image la douloureuse épreuve que traverse l'héroïne : où est donc passé le poids de l'oppression politique sur ses épaules ? Le traumatisme psychologique de cette confrontation forcée avec des enfants de son âge ? Le déchirement intérieur quand l'instinct de survie prend le pas sur son naturel pacifique ? Et la faim, omniprésente dans le roman au point qu'elle lui a donné son titre ? La frilosité de la production est heureusement rattrapée par le talent de l'actrice Jennifer Lawrence, espoir du cinéma américain repérée dans Winter's Bone (et multirécompensée pour cette prestation), puis apparue dans X-Men : le commencement, ou le Complexe du castor. Très convaincante en héroïne boudeuse et sauvage, elle éclipse aussi bien ses acolytes masculins que Lenny Kravitz, en guest star dans le rôle du styliste de Katniss. Tous reviendront dans les prochains opus de l'adaptation, Hunger Games : l'Embrasement (prévu pour novembre 2013) et Hunger Games : la Révolte, qui pourrait, comme Harry Potter et Twilight avant lui, voir le jour en deux volets.
khomille
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le 20 mars 2012

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khomille

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