Vous connaissez Takashi Miike? C'est un réalisateur japonais trés prolifique. En france, il est surtout connu pour ses films Audition et Visitor Q. Il s'est chargé de l' adaptation d'un manga japonais violent, et nous livre son film le plus gore. Attention ici prend toute la notion d'ultra-violence.
Tout d'abord, je préviens. Ce film n'est pas pour les âmes sensible. Il a faillit être interdit au japon et nombre de spectateur ne supportent pas la violence du film. Donc attention c'est pour un public averti.

L'histoire est on ne peu plus classique :
Quand un chef Yakusa disparaît de la circulation, son second, l'élégant Kahikara (Tadanobu Asano) décide d'utiliser tous les moyens possibles pour le retrouver. Après avoir »interrogé » ou plutôt torturé quelques personnes susceptibles de le renseigner, Kahikara découvre que son boss a été tué par un jeune homme introverti nommé Ichi. Ce dernier est affublé tel un justicier, d'une combinaison spéciale et provoque de véritables carnages au sein des organisations criminelles grâce à ses chaussures rasoirs, d'une tranchante efficacité...

Bref, une histoire assez classique, mais traité de manière totalement free-style. Miike prend le parti pris de la violence : violence psychologique et violence graphique. Miike veux choquer ? C'est gagner. Certaines scènes peuvent être juger à peine soutenable tandis que d'autre peuvent provoquer le rire, mais c'est plus un rire nerveux pour se détendre que provoquer par l'absurdité des scènes.
Le film baigne dans une ambiance particulière. un faux rythme s'installe et surprend son monde. On peut trouver le film lent, mais en réalité ce n'est pas le cas. Comme tout film japonais, il va à son rythme et c'est la frénésie des scènes gore qui accélère le film. La dose importante d'humour rend le film plus visionable et contre balance le coté violent en détendant l'atmosphère. Bref ça ne gâche rien (sauf si vous êtes totalement hermétique à ce type d'humour).

Là où on sens que Miike a fait beaucoup d'effort, c'est sur les personnages. Tous sont fou, aucun pour sauver l'autre. Du coup la galerie des personnages est vraiment intéressante. Cela permet aussi d 'appuyer un des propos du film que nous développeront plus tard.
Presque chaque acteurs jouent sur la sobriété (excepté par moment pour Ichi ou on a l'impression qu'il ne joue pas très juste,) on sent un investissement dans l'approche du personnage. A noter le charisme vraiment impressionnant que dégage Tadanobu Asano dans son rôle de Kahikara. Il est exceptionnel en dandy violent qui cherche autant son boss qu'à subir la violence physique. On imagine mal quelqu'un d'autre jouer ce rôle tant Asano fait preuve de justesse dans son interprétation. La fusion entre l'acteur et le personnage est totale.

Tout le reste du film est à l'avenant. Excepté peut être la mise en scène. Inventive, expérimentale, aérienne, trash, la réalisation est très -trop- expérimenté. L'effort est louable mais ça n'atteint son but qu'à 95 %. Certains passages sont peut être un peu bâclé. mais la jouissance du film remporte là mise.

Je finirais par un thème qu'abord le film et cela est très appuyé par Miike : le sado-masochiste. Tout le monde au fond de lui à une par sadomasochiste. Et dans le film, ses personnages sont en réalité l'inverse de ce qu'on pense. Ichi pleure quand il tue. Pourquoi ? C'est un masochiste, un dominé. Mais il n'éprouve du bonheur qu'avec le sadisme, la domination. Il pleure car il ne veut pas tuer, mais il pleure aussi de bonheur. Il éprouve un bonheur intense car le court moment où il tue il est la personne qu'il aimerait vraiment être. En contre partie, Kahikara est un dominant qui au fond de lui aimerait être dominé. C'est en ça qu' ichi est sa personne, celle qu'il veut voir et qu'il aimerait affronter. Les deux sont des parfaits adversaires et complémentaire en tout point.

Bref, Miike veut montrer que chacun au fond de nous, nous avons des pulsion sado-masochiste, mais qu'en plus nous avons les deux facettes. Le sadique recherchera toujours le masochisme tandis que le maso recherchera toujours le sadisme car au fond d'eux ils sont l'inverse de ce qu'ils apparaissent. Et tous nos choix dans la vie de tout les jours sont fait en fonction de ces deux forces et de ce qu'on est vraiment : Sado ou Maso.

Comme on le voit la thématique est importante et pourrait être analysé longuement. Ce film est gore, ultraviolent, génial. C'est un petit chef d'oeuvre. Pour autant, il a cette faculté particulière : soit on l'aime, soit on déteste.

Le fait qu'il n'y ait au final aucune morale dans ce film nous rappelle qu'il est réservé à un public trés avertie et qui sait faire la part des choses.
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deephurt
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le 10 oct. 2010

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deephurt

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