Le mot "boule" est dévoyé dans cette critique

La mode du shark killer bat son plein lorsque sort In the deep, où deux sœurs en vacances au Mexique deviennent la proie de requins taciturnes (narguant les prisonnières de leur cage d'observation). Cet été 2016, il est le concurrent de The Shallows/Instinct de survie (Caullet-Serra), autre produit 'sérieux' dans ce domaine saturé de nanars festifs (Sharknado étant l'emblème) et outranciers (avec des propositions telles que Sharkavalanche). D'un point de vue commercial In the deep reste dans l'ombre du boule de Black Lively ; sur le plan de l'art et de l'entertainment le bilan est pauvre. Conventionnel et minimaliste, In the deep est surtout d'un manque de finesse exagéré, avec juste ses beaux horizons bleus pour compenser.


La bande-son est médiocrement pensée. Elle appuie à fond pour 'suggérer' la peur ou le drame lorsque tout le monde s'élance heureux vers les requins ; pour les coups de pression par la bête, on sert une espèce d'électro anxieuse tendant vers le bruitisme patraque. Le plus pénalisant est l'absence de caractère des personnages, rendant leur dignité et leur banalité 'clean' obsolètes. Lorsqu'ITD essaie de parler le langage des sentiments, il ne peut que créer des connivences avec de gentilles filles sans âme et des individus anormalement réceptifs ou troublés. On est bien loin d'Open Water, pingre à l'extrême (niveau barbaque) mais efficace dans sa dramatisation, grâce au focus sur le couple à la mort certaine (le label 'histoire vraie' venait alors décupler les effets).


Du stress pour les deux sœurs, l'oxygène à maintenir, des risques à prendre et beaucoup de procrastination dans tous les cas, voilà le triste programme. L'univers visuel est forcément limité, le champ étant à peine plus large que celui de Buried (huis-clos avec un enterré vivant). Les requins, des grands blancs (une des dizaines d'espèces dangereuses pour l'Homme, avec le requin tigre, taureau et bouledogue notamment) comme dans Jaws de Spielberg, patientent en marge du bric-à-brac claustro. Ils sont là pour être aperçus avant tout, donc on psychote – ou pas, c'est le jeu du film, malheureusement inapte à faire monter la tension et surtout démuni pour raconter. La réalisation tend au lyrisme sans avoir l'épaisseur ou le cap qui magnifieraient ses efforts, ce qui donne une emphase grise, appliquée à des objets creux (comme la démence finale, petite annonce d'un sursaut qui ne viendra jamais).


Ce survival mollasson a pourtant connu une bonne réception, contrairement à The Shallows souvent raillé. Mais il est surtout consulté par un public 'cible' car sorti en DTV y compris dans son pays d'origine (USA). La médiocrité générale dans la galaxie des requins explique aussi cette bonne cote. Ni farce régressive ni gaudriole sensationnaliste façon Peur bleue (mais ç'aurait été aussi bien), In the deep est un show honnête et appliqué, jouant la vraisemblance et la simplicité. Il arrive à masquer ses faiblesses techniques, présente quelques beaux morceaux dont un à ciel ouvert. La passion des requins permet ainsi à Johannes Roberts de gagner des points honorifiques. En effet ses films notables suscitent des avis très partagés et majoritairement du mépris, qu'il s'agisse de The Door sorti juste avant (en 2016) ou de Stockage 24 (2012). Les autres sont simplement abandonnés à l'abysse du Z.


https://zogarok.wordpress.com/2016/08/24/in-the-deep-2016/

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le 22 août 2016

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