Intéressante carrière que celle de Louis Leterrier. D’assistant réalisateur l’Astérix de Chabat à Insaisissables, on le voit petit à petit gravir les échelons. Quelques films au sein de l’écurie Besson (Danny The Dog, les premiers Transporteurs) l’ont fait remarquer par Hollywood et en particulier par Marvel Studios qui l’embauche pour rebooter Hulk. Si le film n’est pas la hauteur, c’est plus lié à son histoire (et aux embrouilles avec Edward Norton) qu’à sa réalisation. Même remarque pour le Choc des Titans où le metteur en scène fait le boulot.
Pour son nouveau long métrage, il s’entoure d’un joli casting qui n’a rien à envier à un Steven Soderbergh sur Ocean’s Eleven ou à un Chris Nolan. Jugez plutôt : Jesse Eisenberg, Mark Ruffalo, Morgan Freeman, Isla Fisher, Woody Harrelson, Michael Caine ou encore Dave « frère de » Franco. Avec aussi Mélanie Laurent et un peu de José Garcia dans le rôle du frenchie de service.

Et il faut bien avouer que tout ce petit monde fait des étincelles. Insaisissables est un divertissement de qualité.

Le film s’ouvre différents magiciens (ou prestidigitateurs puisque tout est bien entendu truqué) : Dave Franco fait des tours de passe passe sur un bateau entre New York et le New Jersey, Woody Harrelson s’immisce dans l’esprit des gens dans un club de vacances, Isla Fisher joue les reines de l’évasion et Jesse Eisenberg joue avec des cartes. Tous, ils vont être contacté par un mystérieux personnage et vont monter un spectacle commun. Dans un show à Las Vegas façon David Copperfield, à grands renforts de moyens pyrotechniques, ils vont sélectionner un individu lambda dans les spectateurs et le téléporter -rien que ça- au sein du coffre de la banque où il est client. Là, l’argent va s’envoler pour apparaitre dans la salle de spectacle et faire le bonheur de ceux qui ont payé leur ticket. Problème : la banque en question est … à Paris.
Et si la bande menée par Eisenberg a des allures de Robin des Bois en détroussant les riches (le système bancaire actuel) pour nourrir les pauvres (venus voir le spectacle), ce n’est pas du tout de la police qui dépêche Mark Ruffalo et Mélanie Laurent en shérifs de Nottingham. Eux-même feront appel à Morgan Freeman, ancien magicien reconverti, pour se faire expliquer les tours en question.

Le film fonctionne comme un tour de magie, à savoir qu’on se laisse prendre au jeu du début à la fin. On a beau cherché à comprendre on a vraiment du mal à trouver les éventuelles révélations. Avec sa bande originale tapageuse et omniprésente et son montage haletant, Insaisissables rappelle par moment les parties de jonglage de George Clooney et ses copains dans Ocean’s Eleven quand ils mettent en route leur plans de vol. Et principalement grâce au casting qui tient quand même sacrément la route mais aussi parce que Louis Leterrier n’est pas un manchot avec une caméra, on se laisse embarquer comme devant un magicien de rue planquant des pièces derrière nos oreilles.
Qui plus est, si vous aimez la prestidigitation, vous allez être servi puisque tous les aspects de la magie sont abordés, des tours de cartes les plus simples à des spectacles complexes. On montre, mais on démont(r)e aussi et on va plus loin, notamment dans une scène d’action où l’un des magiciens utilisent ses tours pour s’en sortir.

S’il est donc fortement sympathique, Insaisissables n’en est pas pour autant parfait. Le fameux montage très speed l’est sans doute trop par rapport à la volonté originelle de Louis Leterrier. Quelques raccords foireux dans l’histoire et un manque de développement manifestement sont compensés par le rythme enlevé. Mais les personnages manquent cruellement de développement et le fameux sentiment d’empathie est un peu trop léger. Qui est vraiment méchant ? Qui est vraiment gentil ? A qui s’intéresser ? Tout cela est survolé et il faudra attendre une éventuelle version longue validée par le metteur en scène pour en savoir plus car il est manifeste que Leterrier n’a pas eu le director’s cut.

Néanmoins, Insaissisables est un blockbuster estival honnête et qui fait son boulot, le genre qu’on prendra du plaisir à découvrir dans une salle climatisée puis, sans aucun doute, par la suite lors d’une diffusion télé un dimanche soir. Et au milieu de tous les films qu’on n’aura pas envie de revoir, c’est déjà pas mal.
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le 16 juil. 2013

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