Aïe Aïe Aïe, nous y voilà, Interstellar, le film dont on ne doit pas prononcer le nom, celui qui déchaîne les passions, film de la décennie pour certains, arnaque pour d'autres. Déjà moqué pour ces symboles et idées véhiculées, décrit comme Melo larmoyant, ou encore mascarade de Science Fiction. 2001 l'Odyssey de l'Espace doit figurer à chaque paragraphe, on doit bien sûr mentionner du Tarkovski, ou des récits avec une notoriété moins évidente comme Contact ou The Black Hole et enfin faire le lien avec Gravity évidemment.

Plutôt que d'aller puiser dans des centaines de références et d'influence diverses et variées, je considère Interstellar comme le film le plus personnel de Nolan, celui dans lequel il finit par assumer un message martelé depuis toujours. Réalisateur régulièrement critiqué pour sa froideur, sa prétention ou son ambition mal placée, il est pourtant à mon sens un grand romantique méconnu. L'amour est un sentiment qui transpire chaque parcelle de ses films, Mémento réputé pour sa narration déstructurée et jouant avec la mémoire à court terme de son héros est avant tout l'histoire d'un homme à la recherche du meurtrier de sa femme, obsession découlant d'un amour perdu. Le prestige plus connu pour son utilisation quasi surnaturelle de la magie, parle avant tout d'une rivalité entre deux hommes submergés par des motivations équivalentes toujours générées par ce même sentiment universel, l'un ayant perdu sa femme, l'autre voulant protéger sa fille. Même chez Batman, c'est bien l'amour pour une femme qui sera le moteur de départ pour créer ce justicier noir ou au contraire permettre la naissance de l'un des Bad Guy les plus réputés du comics. Quant à Inception au milieu des différents degrés de rêves, des théories qui se sont abattues partout dans le monde, de cette foutue toupie, s'agit t-il d'autre chose que de la souffrance d'un Homme prêt à tout pour profiter de souvenirs entretenus avec sa femme quitte à perdre pied avec la réalité.

Les rêves, la mémoire, les super héros, et maintenant le voyage spatial. Tout ceci n'est qu'un gigantesque décor servant de prétexte dans lequel les artifices en tous genres apporteront une atmosphère peut être trop guindée parfois, mais en tout cas présent avec un parti pris assumé et cette patte immédiatement identifiable.

Et c'est avec cette forme toujours plus excentrique, plus prestigieuse, avec cette poudre aux yeux qu'un fond qui pourrait sentir le rose bonbon chez plus d'un fonctionne ici. On reprend un schéma qui fonctionne, une vraie gueule pour porter son récit, et c'est presque naturellement que le fraîchement Oscarisé McConaughey s'y colle avec brio. Jamais dans l'excès toujours dans le questionnement philosophique certes mais aux antipodes de son nihiliste chez True Détective, campe ici un humaniste bien plus crédible en ingénieur que Marky Mark chez Bay. Omniprésent sous la caméra de Nolan, c'est à travers son regard que l'on vivra les aventures les plus périlleuses, les plus épiques ou les plus émouvantes, le tout sous fond de thèmes bien plus inspirés chez Hans Zimmer que l'énorme copié collé que l'on doit supporter depuis des années.

Avant d'être un pur film de science fiction comme on l'entend et comme on peut l'attendre, Interstellar est un film sur le sentiment le plus universel, celui qui sert de moteur, qui donne de l'importance à nos vies qui semblent si infimes au vu de l'étendu de l'univers. En découle une ode au voyage, à l'espoir, ou à la connaissance, certes teinté d'imperfections, de petites facilités scénaristiques par moment, d'enchaînements un peu flous mais aisément annihiler par une maîtrise et par une cohérence dans une filmographie qui m'ont offert exactement le spectacle que j'attendais. Une fable complexe en apparence élaborant tout un tas de théories scientifique, le temps, le voyage spatial, le sens de la vie uniquement là pour épauler son propos initial, la classe.

Ps : 300 critiques déjà, ça en fait des conneries écrites dis donc, merci à tous pour vos commentaires réguliers et à bientôt enfin pas trop non plus j'espère pour les 1000 !

Critique lue 22.3K fois

488
23

D'autres avis sur Interstellar

Interstellar
Samu-L
8

Rage against the dying of the light.

Un grand film, pour moi, c'est un film qui m'empêche de dormir. Un film qui ne s'évapore pas, qui reste, qui continue à mijoter sous mon crâne épais, qui hante mon esprit. Le genre de film qui vous...

le 6 nov. 2014

428 j'aime

72

Interstellar
blig
10

Tous les chemins mènent à l'Homme

Malgré ce que j'entends dire ou lis sur le site ou ailleurs, à savoir que les comparaisons avec 2001 : L'Odyssée de l'Espace sont illégitimes et n'ont pas lieu d'être, le spectre de Kubrick...

Par

le 28 févr. 2015

329 j'aime

83

Interstellar
guyness
4

Tes désirs sont désordres

Christopher navigue un peu seul, loin au-dessus d’une marée basse qui, en se retirant, laisse la grise grève exposer les carcasses de vieux crabes comme Michael Bay ou les étoiles de mers mortes de...

le 12 nov. 2014

296 j'aime

141

Du même critique

Interstellar
Kobayashhi
10

All you need is love, love, love, love...

Aïe Aïe Aïe, nous y voilà, Interstellar, le film dont on ne doit pas prononcer le nom, celui qui déchaîne les passions, film de la décennie pour certains, arnaque pour d'autres. Déjà moqué pour ces...

le 6 nov. 2014

488 j'aime

23

Mad Max - Fury Road
Kobayashhi
9

My Name is Max, Mad max !

Putain........................... Du moment où les lumières se tamisent jusqu'au générique de fin laissant traverser le nom de Georges Miller, je suis resté scotché dans mon siège, halluciné par le...

le 14 mai 2015

301 j'aime

27

Whiplash
Kobayashhi
8

Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si, J.K FUCKING SIMONS

J'ai quitté la salle il y a quelques heures maintenant, et pourtant j'entends encore les baguettes claquer contre les cymbales avec une fougue hors norme, ais-je perdu la raison ou suis-je encore...

le 24 déc. 2014

265 j'aime

5