Le film a la classe dès son générique de début qui en impose par son aspect royal.
On voit bien qu’il s’agit d’une grosse production, où tout est mis en place pour impressionner. Il y a un beau casting déjà, tous les personnages principaux étant joués par des stars de l’époque.
Les décors, les costumes, et la musique sont appliqués et nous font pénétrer sans mal dans un univers moyenâgeux chatoyant fantasmé par Hollywood. C’est peut-être pas bien fidèle à la réalité, mais ça donne de très belles images.
C’est bien fun de suivre les aventures médiévales présentées par le film, où il y a tout un imaginaire de noblesse et de jolies traditions. On est loin de la crasse présentée dans Game of thrones ou La chair et le sang. Le héros est (trop) valeureux, lors d’une attaque à l’épée, il ne met même pas à mort ses assaillants, il les assomme. Le film offre de l’action mais reste la plupart du temps gentillet ; quand le protagoniste est tout proche de la mort, il est sauvé par son ennemi qui ordonne qu’on le délie, le méchant jugeant que son serviteur est trop brave pour perdre contre notre héros…
J’ai quand même été impressionné par la reconstitution pour le cinéma de certains aspects violents du moyen-âge : l’assaut d’un château fort par des archers, durant lequel on voit les flèches voler en masse et se planter dans les portes ; un duel à l’épée pendant un incendie et à la fin duquel le méchant voit le sol s’effondrer sous lui et tombe dans les flammes ; un combat à la hache et au fléau d’arme où les adversaires sont à cheval ; et un tournoi, où l’on a vraiment une impression de vitesse alors que les jouteurs foncent l’un vers l’autre.
Vraiment impressionnant dans chacun de ces cas ; "Ivanhoé" est véritablement un film à grand spectacle.
Parce que ça m’a appris quelque chose que je ne savais pas, j’ai bien aimé la scène où l’on représente la transmission d’un message par l’envoi puis renvois d’une même flèche avec une missive accrochée dessus.

Du tournoi, je retiens ces répliques : "-Noir comme un corbeau de mauvais présage –Le sang va l’habiller d’écarlate".
Il y a pleins de répliques inspirées dans ce genre là, des dialogues soutenus par une pointe d’humour, et de bonne réparties.
L’écriture des répliques du roi Jean (qui a pris la place de son frère Richard cœur de lion qu’il fait passer pour mort) participe à façonner son caractère odieux, lui qui a déjà l’air d’un méchant un peu caricatural à toujours avoir le visage contrit. En tout cas ça en fait un antagoniste assez fort, même si sa fourberie ne se fait particulièrement remarquer qu’à la fin, quand il fait exprès de choisir comme champion pour affronter Ivanhoé quelqu’un qu’il sait que le combat va déranger.
La violence du film passe surtout par la parole, là on en vient à évoquer le sang, la décapitation ou la flagellation, j’ai été assez étonné de voir ça dans un film grand public des 50’s, mais il faut dire que la violence graphique, même si très lissée, je ne m’attendais pas à la voir ainsi dans une telle œuvre.
"Ivanhoé" est un film qui se démarque à mes yeux même 60 ans après sa sortie, par ce que j’évoquais ci-dessus mais aussi certaines originalités.
On a un personnage de bouffon qui prend de l’importance, je trouve ça peu commun. Il devient l’écuyer d’Ivanhoé, et remplit le rôle de comic relief ; je m’imaginais qu’il pourrait se montrer un peu lourd, mais finalement non, ça va.
En sous-intrigue, on a une histoire de triangle amoureux (une juive tombe amoureuse d’Ivanhoé, qui lui est promis à une autre et qui, de par les divergences de religion semblerait-il, ne voit pas l’autre femme comme un "love interest" malgré toute sa beauté), encore une fois là ça me paraît original. Je me demandais quelle pourrait être l’issue de cette histoire, surtout que les 2 femmes ne s’en veulent pas d’aimer le même homme et qu’aucune des deux ne vaut moins que l’autre. Finalement le dénouement est un peu trop facile.
Il y a un plan amusant qui sort de l’ordinaire lui aussi : ce reaction shot d’un chien qui tourne la tête quand on prononce le nom de son maître, Ivanhoé.

Le film a des faux-raccords, des fonds bleus visibles, un découpage étrange lors de la discussion entre Ivanhoé et un juif (si on n’avait pas vu leur position respective avant, on croirait qu’ils se parlent en se tournant le dos). Mais c’est pas grave.
J’ai beaucoup aimé. C’est un très bon divertissement, et même si on est loin des films du genre "médiéval trash" que j’ai vus en grand nombre il n’y a pas si longtemps, le point commun avec eux est que je me suis délecté de la représentation de certaines coutumes médiévales, j’étais content de pouvoir assister à ça, même si ce n’est qu’une mise en scène pour le cinéma.
Je recommande "Ivanhoé", c’est une fiction d’aventure très sympa et original, il est plein d’éléments que je ne m’attendais pas à voir dans un film de cette époque.


PS : J’étais hilare quand on voit que le message soi-disant écrit en Autrichien est rédigé en Anglais, j’ai cru qu’on avait affaire à cette manie des Américains à faire parler tout le monde dans leur langue, mais en fait le personnage d’Ivanhoé s’est trompé car il est analphabète. Encore une fois, une preuve de l’originalité de l’œuvre ; même si ça correspond à la réalité de l’époque où la plupart des gens ne savaient pas lire, dans quels autres films américains est-ce qu’on ose montrer le manque d’éducation du héros ?

Bonus :
Des images du téléfilm Ivanhoé de 1982, qui a l'air d'avoir des costumes des plus ridicules :
http://ababynameperday.blogspot.fr/2011/11/rowena.html
http://i.ytimg.com/vi/-nGkJmxlZ7o/0.jpg
Fry3000
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le 22 oct. 2012

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Wykydtron IV

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