On commence forcément à regarder cette nième adaptation du classique de la littérature anglaise avec un certain manque de foi, en se demandant ce qui peut bien être apporté de nouveau : une pointe de fantastique, d'ailleurs bien vite avortée ? Des acteurs bankables et assez à la mode ? Une approche moins kitsch (je pense à la version de l'inénarrable Zefirelli !) de l'esthétisme qui semble incontournable lorsqu'on filme les châteaux et la lande anglaise ? Pour tout dire, malgré l'intérêt que suscite inévitablement Fassbender, on s'ennuie gentiment pendant la première heure de ce nouveau "Jane Eyre" jusqu'à ce que, insensiblement, le classique de Charlotte Brontë fasse ce que je nommerai son habituel effet : le lyrisme romantique nous saisit, et on se retrouve à marcher - voire courir - aveuglément à chaque rebondissement mélodramatique de la vie de Jane. Objectivement, Fukunaga est loin d'avoir pondu un chef d'oeuvre, juste un film tout à fait honnête - sans doute également trop court pour qu'on puisse adhérer complètement aux tourments de son héroïne - qui donne surtout envie de relire un grand livre. Ce n'est pas si mal ! [Critique écrite en 2016]