Un héritage est toujours bon à prendre, surtout quand celui-ci est riche en intentions et en idées scénaristiques. Dès lors, la trilogie datée des "Jason Bourne" a réussi à imposer une réelle identité dans la catégorie des films d'espionnage, alliant réflexion, suspense et action. Une trilogie habilement ficelée, laissant place à un final de très grande qualité, entre réponses à nos questions de départ et exposition de questions en suspens (que va devenir notre ami Bourne ?).

Et voilà que "Jason Bourne : L'Héritage" voit le jour. En réalité, ce nouveau volet de la saga d'espionnage se déroule en parallèle du dernier chapitre de la trilogie d'antan, à savoir le film "La Vengeance dans la peau". En effet, nous retrouvons de nombreux protagonistes participant au programme Treadstone, par l'intermédiaire de petites séquences entrecoupées : Noah Vosen, le directeur de la C.I.A Ezra Kramer, le Docteur Albert Hirsh, Pamela Landy, ou encore le journaliste Simon Ross (qui se fait liquider brutalement dans une gare, pour publication d'informations classées secrètes).
Donc tout part de Treadstone, de son programme militaire corrompu, donnant naissance à de nouveaux programmes plus sophistiqués. Dans le film "La Vengeance dans la peau", on parlait du programme Blackbriar. Dans "Jason Bourne : L'Héritage", il s'agit du programme Outcome : un programme regroupant six agents génétiquement modifiés, afin d'assurer des missions à haut risque. Mais l'organisation Treadstone étant démantelée à cause des actions de Jason Bourne (alias Matt Damon), l'effet boule de neige se poursuit : Outcome doit être, lui-aussi, démantelé, ce qui explique l'élimination des six agents, ainsi que de l'ensemble des scientifiques assurant le maintien physique et intellectuel de ses cobayes.

Donc, nous repartons dans un schéma de course-poursuite, où un agent fuit la menace de hautes instances voulant nettoyer derrière eux. L'agent super-puissant, se nomme, ici, Aaron Cross. Aaron cherche ses médicaments pour se maintenir en forme et en "vie", donc il s'associe avec le Docteur Marta Shearing, elle aussi sur la liste noire du programme Outcome.

Exposer comme cela, le scénario a l'air dense et complexe. Oui et non, en réalité. Car cette densité est purement l'avantage du fameux héritage scénaristique. Dès lors, toute la première partie du film se base sur du recollage informatif, censé faire du lien logique entre ce nouveau volet filmique et la trilogie des "Jason Bourne". Une première partie très longue est très mal conçue, car le montage parallèle est abondement utilisé, ce qui perd rapidement le spectateur. De plus, les informations circulent trop vite. C'est à la fois long (relativement à la durée du film) et rapide (dans la mise en scène technique). A tel point que cela peut devenir très déségréable pour quelqu'un qui n'aurait pas vu la trilogie "Jason Bourne" (ce qui, heureusement, n'était pas mon cas...).

Une fois tous ces éléments exposés, le film re-bascule dans un schéma hyper classique : filature, course-poursuite, exposition de toutes les technologies et de tous les moyens informatifs dont disposent la C.I.A pour traquer ses cibles. Le seul apport original réside dans l'exposition du travail scientifique porté sur les six agents du programme Outcome : des avancées scientifiques permettant de créer des soldats aux sens ultra-développés et aux capacités physiques hors norme (grâce à la consommation de cachets pharmaceutiques). Dès lors, nous avons droit à de grandes tirades médicales complexes (afin de nous montrer que tout cela est très compliqué), du genre : "La cellule souche est fait transplantée dans un dispositif rénal accentuant la multiplasticité microbiologique du patient béta.". Vous n'avez rien compris ? Ne vous inquiétez pas, moi non plus.

Bref, le scénario, isolé de tous liens avec la trilogie précédente, ne casse pas des briques. Mais il se tient et fonctionne. C'est déjà pas mal.
Sur la forme, on reste sur une rythmique similaire. Le film est long, mais nerveux. Tout va très vite, le montage parallèle est très utilisé, afin que l'on puisse savoir où en sont les fugitifs, pendant que la C.I.A fait du phoning pour retrouver un modèle de voiture filmé par une caméra de surveillance.
L'action est aussi présente, mais pas assez. Le début est très long, je l'ai déjà dit. Pas une scène d'action à l'horizon. Ça commence à péter quand la C.I.A retrouve la trace d'Aaron, mais ce sont de petites scènes d'action assez brèves (même si la séquence dans la maison de campagne du Docteur Shearing est plutôt bien fichue). Par contre, le film se termine par une scène de course-poursuite en moto interminable, justement. De plus, le cadrage en caméra emportée rend cette séquence difficile à suivre et très fatiguant pour nos rétines.

Bref, on est loin des scènes d'action ultra-punchs, concoctées par Paul Greengrass. "Jason Bourne : L'Héritage" manque de baston, d'uppercuts violents dans la face ! Par exemple, le tueur à gage asiatique, qui poursuit Aaron à la fin du film, se contente de se casser la gueule en moto... J'aurais préféré le voir se mettre sur la gueule avec sa cible.
Toutefois, une scène est extrêmement réussie : la scène où un docteur scientifique effectue un acte terroriste dans un laboratoire de recherche, en tuant de sang froid ses collègues. Froide, oppressante, violente : cette séquence est marquante.

Côté casting, c'est plutôt du bon travail. Un grand nombre d'acteurs nous sont familiers, car ils ré-endossent leurs costumes de responsables véreux (je les ai cité plus haut). Le nouveau venu dans l'équipe, Edward Norton (alias Eric Byer), assure le travail sans forcer.
Dans le rôle principal, Jeremy Renner nous prouve encore une fois son talent d'acteur et son grand charisme. Le gars est taillé pour les films d'action, il n'y a aucun doute. On regrette toutefois le profil de Matt Damon, pour son subtile alliage psychologique, entre naïveté et intelligence accrue. Ce nouvel agent est plus sûr de lui, plus sociable, plus avenant. Ça change quoi.
Mais selon moi, le film puise sa principale force dans le duo Renner / Weisz. L'actrice y est parfaite. On sent sa crainte au départ de sa cavale avec Aaron, puis sa confiance et son assurance arrivent progressivement, de sorte que ce duo de fugitifs nous tient en haleine de bout en bout. Et puis cette actrice est tellement belle... Enfin, je m'égare un peu là...

Le film se termine d'ailleurs par un regard complice, voir amoureux, entre les deux protagonistes. Une scène finale basée sur un clin d'oeil qui rend nostalgique : la célèbre musique de Moby venant acter chaque fin de la trilogie "Jason Bourne". Un clin d'oeil naturel certes, mais qui nous fait encore espérer une suite, peut-être meilleure cette fois-ci.
Théo-C
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le 20 sept. 2012

Modifiée

le 20 sept. 2012

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