La médiocrité dans la peau
C'est bien connu. En littérature, au cinéma, même dans les jeux vidéos, c'est toujours la même chose. Quand une saga a bien marché, même si elle est terminée, même si toutes les questions de la saga ont trouvé une réponse, il faut faire une suite (souvent une sorte de reboot d'ailleurs) qui rajoutera des questions inutiles à la saga de base, ceci pour faire une nouvelle saga. Vous suivez ?
Z'auraient dû appeler ça The Bourne Paradox.
Tout le long du film, on nous bassinne avec Bourne, Treadstone, Blackbriar, des flashbacks, et vas-y qu'en plus je t'imbrique cette histoire dans la chronologie du 3. Pourtant, dés le début, on nous fait bien comprendre à l'aide d'une réplique de Norton que si on veut voir du Bourne, on s'est trompé de salle, et en plus de ça, on nous le confirme en mettant un agent comme personnage principal qui avoue lui-même son QI trop bas.
Passé cela, on peut parler du film en lui-même, qui se noie et son public par la même occasion dans un trop plein d'informations parfois inintéressantes. Tony Gilroy n'aurait jamais dû passer derrière la caméra. J'avais déjà eu cette impression devant l'interminable et chiant Michael Clayton. Ce Bourne, c'est pire. Le film souffre de problèmes de rythme fous, c'est filmé avec les pieds, et surtout, à vouloir faire un blockbuster intelligent avec un scénario, on se retrouve avec un film à complot basique, où on n'écoutera pas la moitié des dialogues tant les informations sont répétées 100 fois, avec quelques scènes d'action dedans pour montrer que Renner, ben il est trop fort quoi. Sauf que, encore une fois, c'est filmé (et monté aussi) avec les pieds. Et encore, je me demande si avec des pieds on peut obtenir un résultat aussi sale.
Alors qu'avant ça, on avait une trilogie où le rythme était très bien géré (et même parfaitement géré dans le 3), des scènes d'action qui font encore partie des plus belles qu'on ait vues ces dernières années, et surtout un Matt Damon au sommet. Et ici, Renner se contente de faire du Renner : jouer au vénère pour avoir l'air sérieux.
On peut rajouter à tout ça une BO fade comme la mort (alors que les premières notes sont une reprise des scores de Powell, ce qui est donc un faux espoir de malade), une poursuite plutôt pas mal mais vraiment trop mal ficelée pour provoquer quoi que ce soit chez le spectateur, et une impression générale d'arnaque.
En effet, le film parait au final comme une bande-annonce d'une nouvelle trilogie et donc nous sort un twist aussi foireux qu'énervant tant il pisse sur la trilogie de base. Twist qui justifiera, vous l'aurez compris, deux-trois suites...
En bref, c'est simple. Le plus gros défaut de ce film est de vouloir s'inscrire dans la saga Bourne, tout en voulant faire oublier cette dernière. On est bien d'accord, ça n'a aucun sens. Plutôt que de faire ce twist final qui énervera tous les fans de la trilogie, plutôt que de faire un épisode 4 inutile - sachant que toutes les questions avaient trouvé une réponse - pourquoi ne pas avoir commencé une nouvelle saga, sans parler de Bourne ?
Inutile, vain, énervant.