J'ai du mal à trouver un angle pour amorcer cette critique tant ce film est un entremêlement bordélique et mal foutu de tout un tas de défauts.
J'ai beau ne pas avoir lu les bouquins, la première trilogie, selon mes sources, prend ses libertés avec le format papier ; pourquoi pas puisqu'on se retrouve avec un ensemble convaincant, une identité (The Bourne Identity, tu l'as ? Ok.), une trilogie crédible sur un espion humain mais quand même super intelligent, et un scénario un peu plus poussé que la moyenne qui ne tombe pas dans le nanard.
Ici, dès le début du films, deux points frappent et malgré toute ma bonne volonté à ne pas juger ce Bourne Legacy comme un vil produit mercantile, force est de constater que le film s'est bien appliqué à s'auto saborder, et tant pis pour lui.
En effet, le film s'ouvre sur une alternance de deux types de séquences. D'une part Aaron Cross, le nouveau Jason Bourne pour simplifier, qui plonge dans les eaux de l'antarctique et ressort se sécher tranquille à l'aide d'une couverture de survie et d'un feu rachitique, se bat contre des loups, saute par dessus des ravins. Ok, on a compris, il est trop fort. Sauf que là, le réal n'a rien compris à pourquoi le personnage de Jason Bourne est excellent, c'est pour les raisons inverses.
Et d'autre part, des séquences décousues et incompréhensibles, avec des inserts de séquences de la trilogie originale rattachées avec de gros bouts de scotch bien visibles pour tenter d'insérer la trame de ce nouvel opus dans l'originale. Et malheureusement le reste du film ne réussira pas à faire mieux, tout le film sonne comme un mauvais spin-off avec raccords douteux, des personnages creux et qui ne réussissent pas à se forger leur identité pour une nouvelle trilogie (puisqu'on se doute que c'est le but) tant ils sont ratés.
Edward Norton qui ne réussira pas à convaincre malgré son talent, la faute à un cadre trop étriqué (bureaux génériques, pas de séquence marquante) et à des dialogues mal écrits. Aaron Cross pas spécialement mal interprété par Jeremy Renner, mais au personnage plus émo que Jason Bourne alors que c'est normal pour ce dernier : son amnésie lui a fait oublier tous les codes déontologiques (si l'on peut dire) de l'espion, le fait redevenir humain. Aaron Cross tombe amoureux, émet des réserves sur les ordres qu'on lui donne et se pose des questions existentielles alors qu'il fait partie d'un programme encore plus avancé. Ok. Et enfin Rachel Weisz en potiche insupportable, ses dialogues sont environ 20 minutes cumulées de pleurnicheries et de bégaiements.
Dialogues au sujet desquels on ne peut malheureusement pas être plus élogieux que pour le reste. Interminables et souvent inutiles, le tiers pourrait en être conservé. Tout ceci pour tenter de donner une impression de scénario intelligent et complexe alors qu'à l'issue d'un dialogue de 3 minutes qui aurait pu durer 30 secondes, on n'a qu'une impression de vide.
Reste alors les scènes d'action. En soi, elles ne sont pas ratées et ont le mérite de tirer le spectateur de l'abrutissement devant des dialogues d'une telle inconsistance. Cependant, elles me laissent avec des regrets elle aussi. Là où Jason Bourne coupe le souffle, c'est lorsqu'il s'élève au dessus du commun des mortels et que l'on assiste à l'impossible mais pourtant expliqué clairement, avec une réalisation de son plan au millimètre. Mais lorsqu'on regarde Aaron Cross faire, parfois on ne comprend rien, parfois c'était de toute façon trop invraisemblable pour être expliqué. Et cela vaut pour l'ensemble du film mais particulièrement pour les séquences d'action : elles singent celles du film original avec tellement de clins d'oeil appuyés et de coups de coude dans les côtes que c'en devient irritant, telles ces courses poursuites sur les toits ou celle en moto, ces moments où il faut se fondre dans la foule, ...
Mention spéciale pour le twist de fin qui réduit à néant la progression de l'histoire de la trilogie originale.
Ce Bourne Legacy aurait pu, en reprenant intelligemment et sans les singer les codes de la série, être un divertissement honnête, un peu plus creux que les originaux mais qui se laisse voir, au lieu de ça j'en ressors avec une impression amère d'un réalisateur totalement passé à côté de l'intérêt de la trilogie Bourne (en écrivant ces lignes me vient à l'esprit une comparaison avec Indiana Jones tout à fait frappante), et un sérieux doute quand à ma motivation pour me déplacer au cinéma voir le prochain épisode.